Référendum : la Nouvelle-Calédonie rejette l’indépendance à 56,4%, et reste française

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Le score du non se situe cependant très en deçà de ce que les sondages prévoyaient. La participation a été massive, avec 80,63% de votants. 

Sans surprise, le "non" l’a emporté. Les citoyens de Nouvelle-Calédonie se sont majoritairement prononcés dimanche pour le maintien de l’archipel du Pacifique au sein de la République Française. Sur les quelques 174.000 électeurs appelés à répondre à la question : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?", ils sont 56,4% à avoir répondu "non" selon les résultats définitifs, contre seulement 43,6% pour le "oui". La participation a été massive, avec 80,63% de votants. 

Les informations à retenir :

  • Les Calédoniens ont voté "non" à l'indépendance à 56,4%%, selon les résultats définitifs
  • La participation a été massive, avec 80,63% de votants
  • Ce résultat ouvre la voix à la tenue d'un autre référendum d'autodétermination en 2020

L'écart entre les deux camps se resserre. Depuis plusieurs mois, le non était annoncé comme largement favori. Avec 56,4% des suffrages exprimés, l’écart avec les pro-indépendantistes s’est toutefois sensiblement réduit au regard des derniers sondages. Une enquête Harris interactive pour France télévisions publiée début octobre faisait ainsi état de 66% d’électeurs prêts à glisser un bulletin "non" à l’indépendance dans l’urne, contre seulement 34% pour le "oui".

Emmanuel Macron salue une "étape historique". Le président de la République a pris la parole à 13 heures, heure française, depuis son bureau de l'Elysée, peu après la divulgation des résultats partiels. Il a exprimé son "immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique". "Je veux aussi dire la fierté pour le chef de l'État que la majorité des Calédoniens aient choisi la France", a-t-il encore déclaré. Il a également estimé qu'il n'y avait "pas d'autre chemin que celui du dialogue".

Première réactions politiques. "Nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie ont affirmé aujourd'hui avec clarté leur appartenance à la République française", a salué dans un communiqué le parton des Républicains, Laurent Wauquiez, qui avait vivement critiqué la neutralité du chef de l’Etat face à cette consultation. "La belle participation et le résultat clair le démontrent avec force : les Calédoniens ont choisi un avenir français !", a posté sur Twitter le maire Rassemblement national (ex-FN) de Fréjus, David Rachline.

Yannick Jadot, tête de liste EELV pour les européennes, a estimé sur Twitter que le processus en Nouvelle Calédonie avait été "long et exemplaire".  "Je tiens à saluer le travail de Michel Rocard (signataire des accords de Matignon, ndlr), il faut le mener à son terme", ajoute-t-il. De son côté, le groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale a jugé dans un communiqué que le résultat du référendum était "une profonde déception pour tous ceux qui croient à la nécessité d'une pleine souveraineté des populations de l'archipel".

Quelques incidents en marge du référendum. Plusieurs voitures ont été brûlées et deux "faits de caillassages" ont été signalés en Nouvelle-Calédonie dimanche soir, en marge de la clôture du référendum sur l'indépendance, a appris l'AFP auprès du Haut-commissariat. Les sept voitures ont été brûlées dans le quartier populaire de Montravel, au nord de Nouméa, selon la même source. Le quotidien Les Nouvelles calédoniennes évoque également une voiture brûlée dans le quartier de Rivière-Salée, dans les quartiers nord de Nouméa. Le Haut-Commissariat a fait état également de "deux faits de caillassage", sans préciser le lieu, mais "rien de significatif".

Et après ? "Le référendum n’est pas un aboutissement, mais une étape", a tenu à rappeler dimanche, au micro de Bernard Poirette sur Europe 1, Christian Blanc qui a mené en 1988 les négociations ayant débouché sur "les accords de Matignon", à l’origine de ce référendum. En effet, l’accord complémentaire de Nouméa, signé en 1998, prévoit quant à lui la tenue d’un second référendum, en 2020, voire d’un troisième en 2022 si la réponse au dernier est de nouveau négative. 

Depuis la fin des années 1980, la Nouvelle-Calédonie est engagée dans un processus progressif de décolonisation et d'autonomie. "Si le non l'emporte, il va falloir réfléchir à faire évoluer le statut de la Nouvelle-Calédonie pour trouver un compromis satisfaisant pour les deux camps, loyaliste et indépendantiste", a averti dans Le Monde Philippe Gomès, député anti-indépendantiste. "La formule juridique devra garantir une large autonomie à l'île et préserver la paix."