Municipales 2020 : les cinq choses à retenir du premier tour

Coronavirus élection
Le scrutin a été chamboulé par le surgissement de l'épidémie de coronavirus. © Christophe ARCHAMBAULT / AFP" data-image-id="54247698-1">
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avec AFP , modifié à
Le premier tour des élections municipales, dimanche, a été fortement perturbé par la crise du coronavirus. Dans ce contexte particulier, l'abstention est beaucoup plus forte qu'en 2014.

Quels enseignements tirés d'une élection qui a lieu en pleine crise du coronavirus ? Alors que la France est entrée dimanche matin dans une phase de confinement partiel, avec d'autres mesures potentiellement appliquées dans les prochains jours, le scrutin municipal cher aux Français a été marqué par plusieurs faits saillants. Europe 1 en a sélectionné cinq.

L'énorme impact du coronavirus

C'est l'élément perturbateur d'un scrutin inédit : le coronavirus a lourdement pesé sur la participation. Avec une abstention record estimée entre 53,5% et 56%, les Français ont déserté les bureaux de vote dimanche lors du premier tour, organisé tant bien que mal dans un pays mis à l'arrêt par la pandémie de coronavirus. Parmi les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leur maire, moins de la moitié aura au final glissé un bulletin dans l'urne, dans une ambiance générale surréaliste après que le gouvernement a décrété samedi soir la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".

Cette faible participation a poussé de nombreux responsables politiques à demander un report du second tour, ce qui aurait un impact certain sur ce premier tour. De Marine Le Pen pour le Rassemblement national à Yannick Jadot pour Europe Ecologie-Les Verts, l'opposition demande aux gouvernements un report du scrutin, alors que le nombre de cas pourrait exploser d'ici dimanche prochain. Le ministre de la Santé Olivier Véran a précisé que la décision de tenir ou de reporter le second tour serait prise "sans doute mardi" par l'exécutif, sur la base des recommandations du Conseil scientifique.

Darmanin élu, Philippe poussé au second tour

Pas moins de dix ministres étaient impliqués dans ces élections municipales, avec trois têtes de liste et sept membres de listes menées par d'autres personnalités. Au Havre, le Premier ministre Edouard Philippe est poussé à un second tour, avec 43% des voix, contre 34% pour son adversaire communiste Jean-Paul Lecoq. A Tourcoing, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin est quant à lui élu dès le premier tour, alors qu'il avait difficilement remporté l'élection avec une triangulaire en 2014.

Plusieurs satisfactions au RN

Encore appelé Front national en 2014, le Rassemblement national avait à l'époque conquis une dizaine de villes, essentiellement dans le sud-est de la France. Dimanche, le parti de Marine Le Pen peut se targuer d'avoir conservé la ville de Fréjus dans le Var (avec David Rachline), celle d'Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais (avec Steeve Briois) et celle de Beaucaire dans le Gard (avec Julien Sanchez). 

Le député RN des Pyrénées-Orientales, Louis Aliot, est quant à lui arrivé en tête à Perpignan, une ville aujourd'hui gouvernée par le LR Jean-Marc Pujol. En revanche, le Rassemblement national a échoué à conquérir la mairie de Denain, dans le Nord, que le député et proche de Marine Le Pen Sébastien Chenu briguait.

De la déception chez LREM...

Et si La République en marche était paradoxalement le parti qui a le plus perdu avec ce premier tour, alors que la formation politique n'était pas née lors des dernières municipales ? Dimanche soir, les candidats LREM n'apparaissaient pas en mesure d'enlever une grande ville. A Paris, ville sur laquelle le parti présidentiel misait beaucoup, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn est arrivée en troisième position (18%), loin derrière la maire PS sortante Anne Hidalgo (30%) et derrière la candidate LR Rachida Dati (22%).

Dans d'autres grandes villes du pays, La République en marche avait davantage l'allure d'un faiseur de rois que d'un véritable favori. A Lyon, le candidat LREM Yann Cucherat est lui aussi arrivé en troisième position, alors que le sortant Gérard Collomb s'est porté candidat à l'élection de la métropole. Symbole des espoirs douchés du parti, le candidat marseillais Yvon Berland a terminé à la cinquième position, avec 7,6%.

... Et EELV continue sur sa lancée

Après son bon score aux européennes de l'année dernière (13,5%), Europe Ecologie-Les Verts confirme sa bonne santé électorale, avec plusieurs résultats positifs dimanche soir. A Grenoble, le seul maire EELV d'une grande ville, Eric Piolle, aborde le second tour en ballotage favorable, avec 44,6% des voix. Dans la ville de Lyon, avec 29%, Grégory Doucet a distancé ses rivaux LR Etienne Blanc et LREM Yann Cucherat.

Mais les écologistes ont aussi enregistré une forte poussée à Bordeaux, Strasbourg ou encore Besançon, où les candidats estampillés EELV sont en tête, créant parfois la surprise. A Rennes (25%), Lille (23,5%) Nantes (19%), ils s'affirment aussi comme davantage que des forces d'appoint pour les maires sortantes PS Nathalie Appéré (32%), Martine Aubry (30%) et Johanna Rolland (32%).