Martine Aubry et le gouvernement : une (longue) histoire de désamour

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La virulente tribune de Martine Aubry dans Le Monde contre le couple exécutif rappelle bien d’autres charges de la maire de Lille contre le gouvernement.

Sa parole médiatique est rare et d’autant plus redoutée. Lorsque Martine Aubry s’exprime, le gouvernement peut s’attendre à tout. Et la dernière sortie de la maire de Lille ne fait pas exception à la règle. Dans une tribune co-signée mercredi avec plusieurs leaders socialistes et écologistes et publiée dans Le Monde, l’ancienne candidate à la primaire de 2011 s’attaque au couple exécutif, dans un contexte marqué par la polémique sur la loi El Khomri. "Que restera-t-il des idéaux du socialisme lorsqu’on aura, jour après jour, sapé ses principes et ses fondements ?", tonnent notamment les signataires. 

Retour sur toutes ces fois où Martine Aubry s’est opposée au gouvernement.

  • La défense d’une politique économique de gauche

Que ce soit sur la politique économique du gouvernement ou sur "les valeurs de gauche", Martine Aubry, que certains ont érigé en patronne des frondeurs, fait entendre sa voix. En janvier, elle s’était par exemple opposée frontalement à la déchéance de nationalité qui "porte atteinte à un élément majeur d’égalité devant le droit du sol, qui est un des fondements de la République française".

Mais la maire de Lille est surtout partie en croisade contre la politique économique du gouvernement. En octobre 2014 déjà, elle prônait, dans une tribune parue dans le JDD, une réorientation de la politique économique. "Nous avions prévu qu’à mi-mandat, la croissance serait revenue, le chômage en repli et les déficits réduits en deçà de 3%. Ce n’est pas le cas. Il nous faut trouver au plus vite le bon réglage des politiques économiques qui permettra de sortir la France de la crise", y affirmait-elle.

Martine Aubry n’a cessé depuis de faire entendre sa petite musique sur diverses réformes portées par l’exécutif. En décembre 2014, elle estimait ainsi que le travail dominical est "une régression" alors que le projet de loi d’Emmanuel Macron était au cœur de l’actualité. Dernièrement, lors de ses vœux pour 2016, elle a appelé Manuel Valls à reconsidérer les versements du CICE.

  • La défense de son fief dans le Nord

Martine Aubry n’aime pas vraiment que le gouvernement mette le nez dans ses affaires. Et la réforme territoriale n’est pas du tout passée chez la maire de Lille. En juillet 2014, elle qualifiait d’"aberration économique et sociale" la création d’une région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. "On n’est pas en train de faire du Monopoly ou jouer à Sim’s City. On touche aux origines de chacun", y affirmait-elle. Et de profiter de ce moment pour tacler de nouveau le quinquennat de François Hollande : "Si depuis deux ans, dans tous les domaines, on avait eu une grande vision et une méthode, on aurait eu un peu moins de problèmes".

Un peu plus d’un an plus tard, rebelote. Manuel Valls plaide dans la région de Martine Aubry pour une fusion des listes de gauche avec celle des Républicains dans l’hypothèse où le FN arriverait en tête aux régionales. La réponse sur Europe 1 de la maire de Lille ne s’est pas fait attendre :"C’est une très bonne idée, on voudrait faire gagner le FN qu’on ne s’y prendrait pas autrement".

  • Macron et Valls dans son viseur

Manuel Valls est sans conteste sa cible favorite. Martine Aubry tient responsable le Premier ministre de la réorientation sociale-libérale et ne le porte pas franchement dans son cœur. Dans une brève du Canard Enchaîné, elle estimait ainsi qu’une éventuelle candidature du chef du gouvernement en 2017 serait "une catastrophe".

Mais, c’est surtout Emmanuel Macron qui provoque des accès de colère chez Martine Aubry. Il y a cette phrase, restée célèbre, prononcée lors de sa conférence de rentrée en septembre 2015. "Macron ? Ras-lebol ! Ras-le-bol ! Je supporte de moins en moins cette arrogance, et cette ignorance de ce que vivent les gens !" Opposée à la méthode du ministre de l’Economie sur le travail du dimanche, Martine Aubry lui enjoignait de "s’occuper de son ministère, ce serait déjà très bien !"