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Guillaume Dominguez avec AFP
La proposition de loi visant à rendre obligatoire la mise en place des drapeaux français et européen sur la devanture des mairies a été rejetée à l'Assemblée. Si le texte sera examiné le 9 mai dans l'hémicycle, il s'est heurté à l'opposition des députés LFI, RN mais aussi LR et Modem. De leur côté, les maires n'y semblent pas non plus favorables.

Les députés macronistes ont essuyé mercredi un revers à l'Assemblée nationale, avec le rejet en commission d'une proposition de loi visant à rendre obligatoire le pavoisement des mairies avec les drapeaux français et européen, jugée inutile par les oppositions. Le texte, qui sera tout de même examiné le 9 mai dans l'hémicycle, s'est heurté au vote d'amendements de suppression de son article unique, déposés par La France Insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).

"Une préoccupation bien éloignée de la réalité du terrain"

Le texte à la "portée éminemment symbolique" vise à "conforter un usage républicain" et à "consacrer une pratique qui est répandue", a défendu devant la commission des Lois son rapporteur, le député Renaissance Mathieu Lefèvre. Concernant le drapeau européen, il a plaidé pour l'importance de "rappeler les valeurs auxquelles nous sommes attachés", dans le contexte du Brexit et de l'invasion russe de l'Ukraine.

Le député LFI Antoine Léaument a fustigé en retour une tentative de diversion de la crise des retraites. "Comme vous ne savez plus quel texte faire passer pour tourner la page, vous nous ensevelissez sous des textes sans consistance et sans intérêt", a-t-il lancé, jugeant la mesure "contraire au principe de la libre administration des communes".

Du côté du RN, Thomas Ménagé a raillé une "nouvelle obligation inutile", relevant de "l'affichage" et de "l'inflation normative". "Alors que les Français souffrent, le pavoisement du drapeau européen sur nos mairies paraît être une préoccupation bien éloignée de la réalité du terrain". "Il y a peut-être plus urgent que ça !", a aussi lancé le député LR Philippe Gosselin, estimant que si obligation il devait y avoir, cela ne pourrait valoir "que pour le drapeau français".

La députée Modem Élodie Jacquier-Laforge s'est elle aussi interrogée sur un texte qui "ne répond pas aux préoccupations de nos compatriotes", même si des élus de son groupe et d'Horizons, alliés de Renaissance à l'Assemblée nationale, ont cosigné la proposition de loi.

Les maires ne semblent pas non plus favorables

Les principaux intéressés, les maires des communes, ne semblent pas non plus favorables à cette proposition de loi. Pour Ludovic Pajot, maire Rassemblement national de Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais, c'est une question de souveraineté nationale. "Il y a le drapeau français. On n'affichera pas un drapeau européen sur notre hôtel de ville", assure-t-il au micro d'Europe 1. "La Constitution ne reconnaît qu'un seul drapeau : le drapeau français. Les Français ont rejeté en 2005 la Constitution européenne. Et puis on est très attachés à la liberté aussi des élus locaux."

À un an des élections européennes, cette proposition de loi n'est pas un hasard du calendrier, selon lui. Une analyse que partage Pascal Thévenot, maire Les Républicains de Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines. "On va montrer du doigt les quelques maires qui, politiquement, ne l'ont pas mis. C'est tout à fait dans l'esprit de Macron. C'est 'l'extrême droite ou moi', et je pense qu'il veut lancer une polémique sur les européennes par rapport à ça, parce qu'autrement je pense qu'il n'y a pas de sujet."

Il n'a pourtant pas attendu les députés Renaissance pour déployer le drapeau bleu étoilé sur le fronton de sa mairie. "Ça me semble évident de l'avoir. C'est toute l'histoire nationale, européenne et locale qui est sur le fronton de la mairie", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Une obligation qui pourrait coûter une centaine d'euros aux mairies. Un vrai budget pour certaines petites communes de France.