Loi immigration : la ministre de l'Enseignement supérieur a présenté sa démission, qui a été refusée

Sylvie Retailleau
Sylvie Retailleau a voulu démissionner. © Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP / Crédits photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a présenté sa démission, qui a été refusée, indique-t-on dans l'entourage de la ministre. Comme Aurélien Rousseau et Patrice Vergriete, celle-ci avait déjà mis sa démission "dans la balance" avant l'adoption par le Parlement du projet de loi immigration.

La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a présenté sa démission mercredi à Emmanuel Macron, en raison d'un "désaccord profond" sur les mesures concernant les étudiants dans la loi sur l'immigration, mais elle a été refusée, a annoncé son entourage à l'AFP jeudi. Cette démission présentée en marge du conseil des ministres "a été refusée" et la ministre restera "en poste", a précisé la même source. Le même jour, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a lui quitté le gouvernement de manière irrévocable, également en désaccord avec cette loi.

Le président Emmanuel Macron et la Première ministre Élisabeth Borne "ont assuré à la ministre que les mesures concernant les étudiants" dans cette loi "seraient révisées si elles n'étaient pas censurées par le Conseil constitutionnel". Sylvie Retailleau a donc reçu les garanties qu'elle souhaitait, alors que le président lui-même est en désaccord avec cette mesure.

Une confiance renouvelée 

Emmanuel Macron a jugé mercredi soir dans l'émission C à Vous, sur France 5, que cette caution réclamée pour les étudiants étrangers  n'était "pas une bonne idée", mais que les dispositions qui ne plaisaient pas "ne justifiaient pas de tout bloquer". Après l'adoption de cette loi controversée, avec les voix de la droite et de l'extrême droite, Sylvie Retailleau avait "rappelé à la Première ministre son désaccord profond sur les mesures concernant les étudiants", selon son cabinet, puis elle a entendu les "doutes" exprimés à ce sujet par Elisabeth Borne sur France Inter mercredi matin.

 

Selon l'entourage de Sylvie Retailleau, le président et la Première ministre "considèrent que c'est une mesure qui ne leur convient pas". A l'occasion de la présentation de sa démission, ils lui ont "indiqué que le président souhaitait en parler" sur France 5 le soir-même. "Le président et la Première ministre ont refusé la démission en lui renouvelant leur confiance pour porter les chantiers d'avenir", a ajouté la même source.

Lutte contre la précarité des jeunes

D'autres ministres ont exprimé leur malaise après l'adoption de la loi sur l'immigration. La physicienne Sylvie Retailleau, 58 ans, était novice en politique quand elle est devenue ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche en mai 2022 après avoir dirigé la prestigieuse Université Paris-Saclay. Elle a succédé à ce ministère à Frédérique Vidal, une autre universitaire. Elle y est notamment en charge de Parcoursup, l'outil d'orientation post-bac souvent contesté, et sa principale bataille est de revaloriser les bourses des étudiants, pour lutter contre la précarité des jeunes.

Emmanuel Macron l'a en outre récemment chargée de réformer le paysage de la recherche publique française. Originaire de Nice, Sylvie Retailleau - épouse de Stéphane Retailleau, professeur - est une spécialiste des lois de la physique. C'est une pointure dans son domaine. Elle a mené une carrière dans l'enseignement supérieur où elle a commencé comme maître de conférence en 1992 à l'Université Paris-Sud, devenue Paris-Saclay. En mars 2020, elle avait été élue présidente de cette université nouvellement créée.