Loi immigration : comment les Français perçoivent-ils la «préférence nationale» ? La réponse de Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet était l'invité du Grand rendez-vous ce dimanche.
Jérôme Fourquet était l'invité du Grand rendez-vous ce dimanche. © Europe 1/C-News
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Romain Rouillard
La loi immigration, adoptée par le Parlement mardi 19 décembre, intégrerait en son sein, selon la gauche et le RN, le principe de préférence nationale. Invité du Grand rendez-vous Europe1/CNews/Les Échos, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, évoque comment les électeurs se positionnent autour de cette théorie.

Le Rassemblement national s'en félicite, tandis que la gauche y voit le franchissement d'une ligne rouge. Le projet de loi immigration, adopté par le Sénat et l'Assemblée nationale mardi dernier, introduirait une forme de préférence nationale, une théorie imaginée dans les années 1980 par un ancien membre du Front national. L'allongement du délai pour toucher certaines prestations sociales, dont les APL, est souvent cité par les uns et les autres pour démontrer l'intégration de ce principe dans le texte voté. 

Au sein de l'opinion publique, le clivage autour de cette théorie suit un axe gauche/droite, qui semble réapparaître au grand jour depuis l'adoption du texte, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop et invité ce dimanche du Grand rendez-vous Europe1/CNews/Les Échos. Pour autant, selon lui, certaines dispositions déjà appliquées et qui pourraient s'apparenter à de la préférence nationale ne provoquent pas nécessairement de réactions indignées.

Quid de l'octroi des prestations sociales ?

"En France, pour occuper un poste dans la fonction publique, il faut avoir la nationalité française et ce n'est absolument pas remis en question dans le débat public. Et personne ne vous dit que c'est une illustration honteuse de la préférence nationale", souligne l'analyste. Un argument souvent mis en avant par l'exécutif qui s'appuie sur l'exemple du RSA, accessible au bout de cinq ans pour les étrangers qui bénéficient d'un titre de séjour.

S'agissant de l'octroi de prestations sociales aux étrangers, les Français y sont favorables, à certaines conditions. "Est-ce qu'un étranger qui travaille, et donc cotise, a le droit de bénéficier de ce type d'allocations ? Là-dessus, une majorité de Français seraient d'accord. En revanche, est-ce qu'un étranger qui vit en France et qui ne travaille pas, et qui donc ne cotise pas, a le droit de bénéficier d'un certain nombre de prestations sociales ? Je pense que les Français sont favorables à ce que ce ne soit pas le cas", estime Jérôme Fourquet. 

"Un sujet hautement inflammable" 

Une illustration du fossé existant au sein de l'opinion publique sur la question de l'immigration. "C'est un sujet qui touche à des questions très profondes : la conception que vous vous faites de la citoyenneté, de la nationalité. On voit des prises de position très véhémentes d'un côté comme de l'autre. C'est un sujet hautement inflammable", confirme Jérôme Fourquet. Avant de pouvoir entrer en application, la loi immigration doit encore passer l'obstacle du Conseil constitutionnel, saisi au lendemain de l'adoption du texte par le président Emmanuel Macron. De l'aveu de Gérald Darmanin lui-même, plusieurs dispositions sont susceptibles d'être retoquées devant les Sages.