La motion de rejet sur le projet de loi immigration a été adoptée ce lundi à l'Assemblée nationale. 1:15
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Romain Rouillard et Alexis Delafontaine avec AFP / Crédit photo : Ludovic MARIN / AFP , modifié à
L'Assemblée nationale a adopté ce lundi la motion de rejet préalable au projet de loi immigration, avec les voix de la gauche, des LR et du RN, infligeant une très lourde défaite politique au gouvernement. Les oppositions n'ont pas tardé à partager leur satisfaction.

Il n'y aura pas de débat à l'Assemblée autour du projet de loi immigration. Ce lundi, les députés ont adopté, à une courte majorité (270 voix contre 265), la motion de rejet, déposée par les écologistes, infligeant ainsi une très lourde défaite politique au gouvernement. Les Républicains et le Rassemblement national, qui détenaient une partie du destin de ce texte entre leurs mains, ont finalement décidé de soutenir cette motion après de longues heures de suspense. Le texte peut désormais être renvoyé au Sénat ou bien en commission mixte paritaire, où siègent sept sénateurs et sept députés. La droite y serait majoritaire et aurait alors tout loisir d’imposer ses conditions. À moins que l'exécutif ne décide de retirer purement et simplement son texte.

À droite, comme à gauche, on se félicite de ce camouflet infligé à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et porteur du projet. Sur X (ex-Twitter), le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, assure que "Darmanin a dompté les groupuscules macronistes, mais pas l'Assemblée nationale", estimant que "ça sent le bout du chemin pour sa loi et donc pour lui".

"Il est temps de travailler à un projet de loi conforme aux principes républicains", a ajouté le patron du PS, Olivier Faure, qui souligne que "les étrangers ne peuvent être présentés comme des suspects" et qu'Emmanuel Macron a été élu "pour être une digue au RN". "Nous avons rejeté le projet de loi immigration de Gérald Darmanin ! Nous refusons cette loi dangereuse, raciste, xénophobe et inutile pour notre pays", se réjouit, sur X, le député LFI Ugo Bernalicis,

Les Républicains réclament l'adoption du texte du Sénat

De l'autre côté de l'échiquier politique, Marine Le Pen voit dans l'adoption de cette motion de rejet "un désaveu extrêmement puissant" pour l'exécutif, tandis que la députée RN Laure Lavalette, à travers un simple "Darmanin démission", appelle le locataire de la place Beauvau à quitter ses fonctions.

"On a senti qu'il y avait un coup à jouer avec Les Républicains", confie un proche de Marine Le Pen. Le parti de Marine Le Pen n'a pas hésité à joindre les autres partis pour permettre la réussite de la motion de rejet. "Je pense que le camouflet est plus fort. Un ministre de l'Intérieur qui n'arrive pas à faire passer son texte sur l'immigration, je pense que ça met fin à des ambitions plus grandes qu'il avait", poursuit Laure Lavalette. 

Jusqu'au dernier moment, plusieurs cadres du RN ont menti au gouvernement, laissant croire qu'ils allaient voter contre cette motion. Et leur plan a été soutenu par les Républicains qui ont voulu faire payer à Gérald Darmanin, "son mépris".

Eric Ciotti, patron des LR, réclame désormais que soit débattue puis adoptée, "dans son intégralité, sans ajout, sans modification", la version durcie du projet de loi, après son passage au Sénat. Un texte "de fermeté" que "votre gouvernement a laissé piétiner en commission", a également taclé le chef du groupe LR à l'Assemblée, Olivier Marleix.

Sur BFMTV, la députée Renaissance Maud Bregeon évoque, de son côté, "un problème de cohérence" dans les rangs de l'Assemblée nationale et dénonce l'obstruction des Républicains. "Tout ce qu'ont proposé les Républicains depuis de nombreuses années, on a proposé de le faire avec eux (...) et Monsieur Ciotti a préféré voter une censure avec Madame (Sandrine) Rousseau. Où est la cohérence ? Que vont-ils expliquer à leurs électeurs lorsqu'ils reviendront en circonscription ?", a-t-elle questionné.