Listes aux européennes : pour ces partis-là, cela vire au casse-tête

Wauquiez Macron Faure
Pour LR, LREM et le PS, la liste des européennes est encore loin d'être trouvée. © Montage AFP
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Alors que certains partis se mettent en ordre de marche pour les élections européennes, le PS, LR et LREM en sont toujours à chercher une tête de liste.

Peu à peu, les pions se mettent en place. En vue des européennes, les partis politiques français s'affairent à la confection de leur liste. Mardi, la presse a révélé notamment la présence de Thierry Mariani, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, sur celle du Rassemblement national, dont le numéro un, Jordan Bardella, a été confirmé. Début décembre, c'est la France insoumise qui avait dévoilé sa tête de liste, la militante Manon Aubry. Quant au visage de Ian Brossat, tête de liste PCF, il se trouve déjà collé un peu partout sur des affiches depuis des semaines.

Mais pour d'autres, le processus est un peu (beaucoup ?) plus long. Du côté de LR, LREM et du PS, rien n'a encore été décidé. Et le choix de la tête de liste, notamment, vire au cauchemar. Bien plus qu'un simple nom, il s'agit de donner à son camp une impulsion et une couleur, tout en respectant de savants équilibres politiques.

Chez LR, Bellamy contesté

Du côté des Républicains, un nom revient : celui du philosophe François-Xavier Bellamy, également adjoint au maire de Versailles. Celui qui est ouvertement soutenu par l'entourage du président du parti, Laurent Wauquiez, a quelques cordes à son arc. Il est conservateur, ancien mobilisé contre le mariage pour tous et artisan de la création du mouvement Sens commun, et jeune (33 ans), ce qui est un argument à l'heure du renouvellement politique. Le RN et LFI l'ont d'ailleurs bien compris, eux qui ont nommé tête de liste des gens de respectivement 23 et 29 ans.

Mais François-Xavier Bellamy ne fait pas l'unanimité. "Il fait chérubin", explique un élu LR au Journal du Dimanche. "Il est un peu hors-sol et il n'est pas armé. Je ne l'ai pas senti guerrier. On va en faire de la bouillie, il va ressortir traumatisé." D'autres noms sont avancés par ceux qui lui préféreraient des candidats plus expérimentés, comme ceux de Geoffroy Didier, Philippe Juvin ou Michel Dantin, tous eurodéputés sortants.

LR attend donc la décision de Laurent Wauquiez, et d'aucuns pressent le président. Car nommer tête de liste un inconnu nécessite ensuite de redoubler d'effort pour l'imposer sur le devant de la scène. Sans compter que LR ne perce pas dans les sondages. Pire, le parti de droite a plutôt eu tendance à perdre du terrain, passant de 12,5% d'intentions de vote dans une étude Ipsos début décembre à 11% une semaine plus tard, puis 8% juste avant Noël dans un sondage effectué par Odoxa. "Restons calmes mais décidons !", tonne le vice-président de la commission nationale d'investiture LR, Roger Karoutchi, dans Le Parisien mardi.

La majorité dévoilera sa liste "fin février"

Le délégué général de LREM, Stanislas Guérini, a donné dimanche sur France 3 une deadline : la liste pour les européennes sera dévoilée "vers la fin février". À sa tête, le parti présidentiel cherche une "personnalité de poids". Et même si LREM a reçu près de 2.000 candidatures après un appel passé en septembre, la tâche s'annonce difficile.

D'abord parce que le parti cherche un profil bien particulier. Outre sa notoriété, il lui faudra bien sûr incarner la ligne très européiste du mouvement et, cerise sur le gâteau, présenter une facette écolo et/ou sociale supposée porteuse pour ce type d'élection. Trouver quelqu'un qui coche toutes les cases est une gageure, d'autant que nombre de personnalités ont déjà refusé. C'est le cas de Daniel Cohn-Bendit comme de Pascal Canfin, président du WWF, ou encore de François Bayrou. Le nom d'Alain Juppé revient parfois, même si le maire de Bordeaux avait affirmé en octobre ne "pas avoir envie de [se] relancer dans le combat électoral".

LREM n'a pas droit à l'erreur. Longtemps donné favori, le parti majoritaire est en perte de vitesse dans les sondages. Affaibli politiquement de concert avec l'exécutif, notamment par une crise des "gilets jaunes" qui s'éternise, le mouvement se frotte, avec ce scrutin, à sa première épreuve électorale depuis 2017. Et il lui faut absolument éviter que celle-ci se transforme en vote sanction contre la politique gouvernementale.

Le PS à la recherche du rassemblement

Du côté du Parti socialiste, le temps presse aussi et l'enjeu n'est pas moindre. Il s'agit de faire oublier l'humiliation de la présidentielle et les 6,36% de suffrages qui handicapent encore lourdement la formation politique. Toute option d'alliance avec LFI est exclue, tant pour des différences de vision sur l'Europe que parce que le parti de Jean-Luc Mélenchon se refuse à toute tambouille. Écartée, aussi, une liste commune avec Benoît Hamon, qui a signifié son refus lundi soir lors d'un meeting. Le nouveau secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lui aussi semblé fermer la porte au PS. Mais il pourrait s'agir, selon un socialiste dans les colonnes de L'Opinion, d'une manière de faire monter les enchères. Quant à un attelage avec EELV, cette hypothèse a pris du sérieux plomb dans l'aile depuis que Yannick Jadot, tête de liste des écologistes, a sèchement claqué la porte au nez de Ségolène Royal, qui proposait d'être sa numéro deux.

Reste donc Ségolène Royal. L'ancienne ministre de l'Ecologie est soutenue en interne par quelques fidèles soutiens, notamment le député Guillaume Garot, qui vante sa "fibre populaire" et sa "crédibilité forte sur les sujets de la transition écologique". Mais celle qui pourrait compter sur sa notoriété "ne veut pas être prisonnière du PS", prévient l'élu de Mayenne. La principale intéressée avait d'ailleurs conditionné sa candidature au fait de constituer une liste au-delà des socialistes. Tout dépendra donc de la capacité du PS à rassembler.

En la matière, quelques pistes s'esquissent déjà. Le premier secrétaire du parti, Olivier Faure, s'est ainsi montré intéressé par la constitution du nouveau mouvement Place publique par l'essayiste Raphaël Glucksmann, l'écologiste Claire Nouvian et l'économiste Thomas Porcher. Mais Place publique prône un rassemblement au-delà du PS. Rien n'est donc encore fait.