Les syndicats se mobilisent sur les salaires à 24 jours de la présidentielle

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À Nantes, des manifestants ont battu le pavé jeudi pour réclamer une hausse des salaires. © Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
Des milliers de manifestants ont battu le pavé jeudi pour réclamer une revalorisation des salaires, avec des rangs pas très fournis dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, à moins d'un mois de la présidentielle. Plus de 150 points de rassemblement avaient été prévus, selon la CGT.

"Plus de salaires ! Moins de précaires !" : à moins d'un mois de la présidentielle, des milliers de manifestants ont battu le pavé jeudi pour réclamer une revalorisation des salaires, avec des rangs pas très fournis dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine. "Plus de 150 points de rassemblement" avaient été prévus selon la CGT, à l'appel d'une intersyndicale avec la FSU, Solidaires, Unsa et plusieurs organisations lycéennes.

Augmentation des salaires, des retraites et des minimas sociaux

A Paris, le cortège - aux rangs distendus - s'est élancé en début d'après-midi de la place de la République, direction Chaussée d'Antin - La Fayette, derrière une banderole : "exigeons l'augmentation des salaires, des retraites et des minima sociaux". "Il faut augmenter les salaires d'urgence", a plaidé le numéro un de la CGT Philippe Martinez, s'inquiétant de la "petite musique face aux évènements dramatiques et la guerre en Ukraine" sur les difficultés vécues par les entreprises. Il a noté que "2021 a été une année record des bénéfices des grosses entreprises, des dividendes versés aux actionnaires", malgré la crise liée au Covid-19.

Quant aux fonctionnaires, il a plaidé - après l'annonce lundi du dégel du point d'indice "avant l'été" -, pour que le rattrapage "soit au niveau des pertes accumulées depuis 12 ans", estimant que les agents ont perdu "au moins 10%". Même "urgence" pointée par les représentants des autres syndicats, Guillaume Trichard, secrétaire général adjoint de l'Unsa évoquant une situation "explosive". Simon Duteil, codélégué de Solidaires, a néanmoins admis que la mobilisation risquait d'être de moindre ampleur que la précédente journée d'action en janvier, ce qui "ne veut pas dire que cette question des salaires n'existe pas".

Entre 89.000 et 150.000 manifestants fin janvier

La journée du 27 janvier avait réuni 89.000 manifestants en France selon les autorités, plus de 150.000 selon les organisateurs. Côté agents publics, l'appel à la mobilisation semblait peu suivi, avec un taux de grévistes "inférieur à 2% à midi" dans la fonction publique d'Etat, selon le ministère. Peu de perturbations étaient constatées dans les transports, sauf dans l'est de la France où seul un TGV sur deux circulait vers Strasbourg, Reims et Metz/Nancy. Les syndicats de la RATP réservent leurs forces pour une journée de grève le 25 mars.

Parmi les premiers cortèges à s'élancer, celui de Clermont-Ferrand a réuni environ 800 personnes, selon la CGT, sous une pluie fine. Avec l'inflation galopante, "vous prenez les hausses de l'essence, l'énergie, c'est infernal", a relevé parmi eux, Emmanuel Serrer, agent Enedis de 54 ans.

Rennes, Dijon, Besançon : ces villes où l'on a manifesté

A Rennes, ils étaient entre 550 (police) et 1.000 (syndicats) derrière une banderole : "la justice sociale, pas l'aumône", tandis qu'à Lyon, environ 900 personnes (préfecture) ont défilé en scandant notamment "en grève, en lutte, en manifestation contre le pouvoir des patrons". A Dijon, ils n'étaient qu'une centaine à répondre à l'appel des syndicats. La guerre en Ukraine "écrase beaucoup de choses. C'est difficile", reconnaissait Fabian Clément (FSU). A Besançon, environ 300 personnes (police et organisateurs) ont manifesté, quelques centaines à Toulouse, tandis qu'ils étaient environ 300 à Perpignan et quelque 500 à Strasbourg.

Au centre des revendications, le pouvoir d'achat alors que l'inflation, mesurée par l'Insee à 3,6% sur un an en février, pourrait encore accélérer en raison du conflit ukrainien. Le Smic pourrait en conséquence connaître une nouvelle revalorisation automatique "d'au moins 2%" dans les prochains mois, selon l'institut.

Une mobilisation en l'absence de Force ouvrière

Cette fois-ci, la mobilisation se tenait en l'absence de la confédération Force ouvrière, pourtant présente en janvier. Et la guerre en Ukraine "aplatit le débat", comme le note Simon Duteil pour Solidaires. Mais "nos démocraties ne doivent pas être anesthésiées" et "il est de notre responsabilité de maintenir l'agenda social dans l'actualité", affirme de son côté le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure. Absente lors des précédentes manifestations de janvier et octobre, l'Unsa a rejoint l'intersyndicale avec un slogan qu'elle espérait mobilisateur: "Urgences salaires ! Faites le 17 (mars)".

Le dévoilement des projets d'Emmanuel Macron concernant les retraites, avec un report de l'âge légal à 65 ans s'il est réélu, s'ajoutait aux motifs de la colère jeudi. Il devait aussi animer le 1er-Mai, vers lequel se projettent déjà les leaders syndicaux. "Autour du 1er-Mai les choses vont commencer à s'accélérer", anticipe Simon Duteil, qui prédit qu'en cas de réélection, Emmanuel Macron voudra "vite" faire adopter la réforme. Une manifestation des organisations syndicales de retraités est en outre prévue le 24 mars.