Les anciens ministres de Hollande, des victimes du "dégagisme"

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Cécile Duflot et Benoît Hamon, deux ancieins ministre de françois Hollande, deux candidats éliminés dès le premier tour des législatives. Parmi d'autres. © PATRICK KOVARIK / AFP
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De nombreux anciens membres du gouvernement du quinquennat Hollande sont tombés dès le premier tour des élections législatives, dimanche.

Le premier tour des élections législatives a tourné au jeu de massacre dimanche. De nombreuses personnalités politiques de premier plan, à l'image de Jean-Christophe Cambadélis, ont mordu la poussière, et, parmi elles, des anciens ministres du quinquennat Hollande. Une ligne dans leur CV que ces candidats ont traîné comme un boulet, victimes tant du "dégagisme" ambiant que de la vague En Marche!, qui a tout emporté, ou presque.

  • Ils ont pris la porte

Ancien ministre devenu frondeur, puis désigné candidat à la présidentielle à l’issue d’une primaire, Benoît Hamon est sans doute le perdant le plus emblématique de la soirée parmi les anciens membres du gouvernement. Ministre de l’Economie sociale et solidaire, puis de l’Education, le député sortant de la 11ème circonscription des Yvelines a lui-même annoncé son élimination. "A 80 voix près", certes, mais la défaite reste cinglante. L’ex-candidat à la présidentielle est arrivé troisième avec 22,6% des voix, derrière le candidat de La République en Marche! et celui des Républicains.

Ancien ministre à un poste régalien, celui de l’Intérieur, Mathias Fekl est lui aussi éliminé dans la deuxième circonscription de Lot-et-Garonne. Avec seulement 17% des suffrages, il a été devancé par son adversaire de LREM, mais aussi par celui du Front national. C’est pire encore pour Christian Eckert, responsable du Budget pendant trois ans, et qui n’arrive qu’en quatrième position en Meurthe-et-Moselle, avec 9,498% des voix.

Le scrutin a aussi montré qu’avoir pris ses distances avec l’ancien couple exécutif n’a pas été un gage de réussite. Cécile Duflot, qui avait claqué la porte du gouvernement en mars 2014, a ainsi été éliminée à Paris, tout comme Emmanuelle Cosse qui, elle, avait au contraire accepté d’y rentrer en février 2016. Les deux femmes, toutes deux écologistes, avaient toutes deux été ministre du Logement. Elles s’étaient déchirées sur l’opportunité ou non de rentrer dans un gouvernement dirigé par Manuel Valls. Elles connaissent aujourd’hui le même sort.

Citons aussi parmi les victimes de la soirée Kader Arif, ex-ministre des Anciens combattants, éliminé en Haute-Garonne, en cinquième position ; Ségolène Neuville, anciennement chargée de la Lutte contre l’exclusion, arrivée troisième dans les Pyrénées-Orientales ; Pascale Boistard, ex-titulaire du portefeuille des Personnes âgées, battue dans la Somme ou encore Juliette Médael, ex-secrétaire d’Etat chargée de l’Aide aux victimes, qui n’a obtenu que 8,31% des voix en Seine-et-Marne. Enfin, notons que Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture, troisième en Moselle et François Lamy, ex-ministre délégué à La Ville, éliminé dans l’Essonne, n’ont pas encaissé la défaite de la même façon. La première a assuré sur Twitter garder le sourire, quand le second a envoyé un massage acide à destination de François Hollande et de Manuel Valls.

  • Les survivants

En fait, pour espérer survivre en ce soir de premier tour des législatives quand on a été ministre de François Hollande, il fallait soit être soutenu par La République en marche!, soit avoir bénéficié de sa mansuétude. Pour ce second cas, citons l’ex-Premier ministre Manuel Valls, qui n’avait en face de lui ni candidat LREM ni candidat socialiste, et qui est arrivé en tête dans son fief de l’Essonne avec 25,45% des voix. C’est aussi le cas de Stéphane Le Foll, en tête dans la Sarthe. Avec 30,31% des voix, l’ancien ministre de l’Agriculture est bien parti pour l’emporter.

Enfin, il y a le cas de Najat Vallaud-Belkacem. L’ancienne ministre de l’Education, contrairement à nombre de ses autres collègues, n’a pas été éliminée dès le premier tour. Mais avec 16,54% des voix seulement, elle est en posture plus que délicate face au candidat En marche, Bruno Bonnell, (36,69%). Elle n’a donc bénéficié que d’un court sursis. Pour elle aussi, le "dégagisme", sans aucun doute, sera meurtrier.