Ni "laxiste" ni "ultra-répressif", Dupond-Moretti dessine sa feuille de route

Eric Dupond-Moretti dessine sa feuille de route
Eric Dupond-Moretti dessine sa feuille de route © Thomas SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD), Eric Dupond-Moretti, l'ancien "ogre du barreau" désormais ministre de la Justice, affirme qu'il ne sera ni "laxiste", ni "ultra-répressif". Le nouveau garde des Sceaux défend une justice proche des citoyens, axée sur quelques priorités comme la lutte contre les violences conjugales, la fermeté face au terrorisme, des réformes du parquet et de la justice des mineurs. 

Ni "laxiste", ni "ultra-répressif", le nouveau garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti défend une justice proche des citoyens. Il s'est d'ores et déjà fixé des objectifs, axant ses priorités sur la lutte contre les violences conjugales, la fermeté face au terrorisme, et souhaite mettre en place des réformes du parquet et de la justice des mineurs. Dans un entretien au Journal du dimanche, le ministre de la Justice admet qu'en 600 jours, il ne pourra pas tout faire, alors il ira "à l'instinct", avec "des idées" et la conscience d'un homme qui "doit tout à la République". 

"J'ai toujours défendu des hommes, pas des causes"

"Comme avocat, j'ai toujours défendu des hommes pour des causes. Cette fois encore, j'y suis allé pour l'homme", explique Eric Dupond-Moretti au JDD sur les raisons de son changement ce cap à 59 ans, et le troc de sa robe d'avocat pour la cravate du ministre. Pourtant, son arrivée place Vendôme n'a pas été applaudie à l’unanimité, et a suscité autant de surprise que d'inquiétude voire de défiance au sein de la magistrature et parmi les associations féministes, échaudées par ses critiques du mouvement #MeToo.

"Je veux que les hommes suspectés de violences conjugales, s'ils ne sont pas déférés, soient convoqués par le procureur et reçoivent un avertissement judiciaire solennel", explique le ministre. Une de ses luttes principales sera donc les violences conjugales. "On m'a déjà dit que ça pourrait heurter la présomption d'innocence : j'ai montré les dents... Il ne s'agit pas d'une condamnation, c'est le moyen de montrer à un homme que la justice est attentive et qu'elle ne laisse rien passer", assène-t-il. 

Il connaît l'immense "besoin de moyens" des tribunaux 

Eric Dupond-Moretti l'affirme, il ne sera ni "laxiste", ni "ultra-repressif". A ceux qui l'accusent de vouloir viser les prisons, ou au contraire les remplir, il confirme : "je ne serais ni l'un, ni l'autre". Après avoir arpenté les tribunaux pendant plus de 30 ans, le ministre de la Justice est bien placé pour reconnaître l'immense "besoin de moyens des tribunaux". Il assure d'ailleurs avoir déjà obtenu des assurances pour le budget 2021. "Accroître le rythme des créations de postes pour la Justice" sera un autre de ses combats.

Sur le terrorisme, sa "réflexion a évolué"

Alors que le Sénat va bientôt examiner un test controversé prévoyant des "mesures de sûreté" pour les condamnés à l'issue de leur peine, Eric Dupond-Moretti confesse que sa "réflexion a évolué". Sur le terrorisme, "j'ai toujours été opposé à la rétention de sûreté telle que l'envisageait le président Sarkozy, parce qu'elle envoyait en prison des individus non pour ce qu'ils avaient fait mais pour ce qu'ils seraient susceptibles de faire dans l'avenir", dit-il. Mais il se dit "totalement favorable" à l'imposition du port du bracelet électronique "pour des gens qui ont été condamnés pour des faits de terrorisme", des personnes qui "de toute façon" seraient "surveillées par nos services de renseignements".