LA PHOTO - Chez Benoît Hamon, "comme un sentiment de lassitude et de fatigue"

Benoît Hamon présentait en conférence de presse, mercredi à Paris, la sortie de son livre "La politique est à nous".
Benoît Hamon présentait en conférence de presse, mercredi à Paris, la sortie de son livre "La politique est à nous". © ALAIN JOCARD / AFP
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Mathilde Belin , modifié à
Le photographe Alain Jocard était présent lors d'une conférence de presse restreinte de Benoît Hamon mercredi à Paris, où le candidat socialiste est apparu les traits tirés.

Chaque semaine, Europe1.fr vous propose un regard décalé sur la campagne présidentielle, dans l'objectif d'un photographe de l'AFP.

La campagne présidentielle n’est pas un long fleuve tranquille pour les candidats. Et Benoît Hamon n’y échappe pas : le candidat socialiste enchaîne les déplacements, les meetings, les interventions dans les médias… Au point que Yannick Jadot lui a conseillé de faire des siestes pour se reposer. Benoît Hamon est en effet apparu les traits tirés cette semaine, plombé par les sondages et lâché tous azimuts à la faveur d’Emmanuel Macron. Mercredi, Alain Jocard, photographe à l’AFP, a posé son objectif lors de la conférence de presse du candidat sur la sortie du livre La politique est à nous, co-écrit avec son allié écologiste. Il raconte à Europe1.fr les coulisses de cette photo.

  • Choisir le lieu

La rédaction en chef m’a envoyé couvrir la conférence de presse de Benoît Hamon sur la sortie du livre La politique est à nous, à la Maison Suger, à Paris, mercredi. On n’a pas grand chose à se mettre sous la dent dans cette campagne présidentielle en dehors des meetings et des spots pré-établis par les partis, alors c’était intéressant de couvrir un ‘petit événement’ comme celui-ci. 

  • Décrire une ambiance

C’était un moment très confidentiel, il y avait très peu de journalistes, une dizaine environ ainsi que quelques soutiens du candidat. La conférence de presse a duré trois quarts d’heure, dans un endroit très lumineux. L’ambiance était assez décontractée. Et c’était justement l’intérêt de couvrir cet événement : c’est l’occasion de tourner autour du candidat et de pouvoir l’approcher d’un peu plus près.

  • Réfléchir au cadrage

Dans ce genre de ‘petits rendez-vous’ de la campagne, le candidat est plus à l’aise, plus naturel et c’est là qu’on va aller chercher quelque chose de différent, un plan différent, parce qu’il ne sera pas tout le temps dans la posture. D’habitude j'aime les plans larges, mais un plan plus resserré permet d’aller chercher des détails.

Benoît Hamon arrivait de Bruxelles, il était crevé. Il avait appris la mort d’Henri Emmanuelli la veille, et puis il y a tous ceux qui le lâchent, on sait qu’il est bas dans les sondages… J’ai cherché à capter cela dans la photo, ce cadrage était intentionnel. Il s’agit d’une grosse fatigue, qui est peut-être due aussi à tous ces aléas politiques, ça peut être interprété de différentes façons.

  • Donner du sens à une image

Même s’il sait qu’il est filmé et photographié, Benoît Hamon peut se permettre de relâcher la posture. C’est un moment où il est devant 25 personnes et pas 2.000 comme dans un meeting, ce n’est pas aussi intense. Il laisse le corps prendre le dessus, mais ce n’est sûrement pas conscient.

La posture de Benoît Hamon sur la photo reflète comme un sentiment de lassitude et de fatigue, physique et intellectuelle, comme tout être humain qui a sa part de fatigue. Cette photo me plaît car elle dégage quelque chose, elle exprime bien l’état d’esprit du candidat à ce moment. Et c’est finalement un moment de calme, une pause dans cette campagne électorale.