Grogne des policiers : Urvoas défavorable à une modification de la légitime défense

Jean-Jacques Urvoas s'oppose à un changement des règles de la légitime défense pour les policiers.
Jean-Jacques Urvoas s'oppose à un changement des règles de la légitime défense pour les policiers. © PATRICK KOVARIK / AFP
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avec AFP , modifié à
Contrairement aux revendications des policiers, le ministre de la Justice s'est dit opposé à un changement des règles du recours à la légitime défense.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas s'est dit mercredi défavorable à une modification des règles de la légitime défense des policiers, réclamée par ces derniers dans le cadre de leur mobilisation depuis une dizaine de jours. Interrogé sur BFMTV pour savoir s'il était favorable à un assouplissement de ces règles, le garde des Sceaux a répondu : "Non".

La notion d'immédiateté mise en avant. "Cette proposition est venue l'année dernière sur la base d'une idée d'un député Les Républicains, Éric Ciotti. Il y a un travail très long qui a été conduit autour de Bernard Cazeneuve auquel il avait associé des parlementaires. Le travail a abouti à une évolution de la loi, dans la loi du 3 juin 2016. La légitime défense se caractérise par la notion d'immédiateté. Dans la loi de juin 2016, nous avons défendu le principe d'immédiateté", a-t-il poursuivi. "Aujourd'hui, la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme et la loi permettent à un policier de se défendre. La légitime défense, c'est pour lui mais c'est aussi pour quelqu'un d'autre qui est menacé."

Un laxisme qui n'est qu'un "ressenti". Répondant aux accusations de "laxisme" de la justice formulée par les manifestants policiers, le garde des Sceaux a répété qu'il s'agissait avant tout d'un "ressenti". "Je crois que beaucoup d'entre eux et une partie de l'opinion sont convaincus que la justice est laxiste. Ma volonté est de démontrer que ce n'est pas le cas", a-t-il affirmé. Une intersyndicale de policiers a notamment appelé à des rassemblements silencieux tous les mardis devant les palais de justice pour dénoncer ce prétendu laxisme. "Je trouve que ce n'est pas une bonne idée, c'est une manière d'engager un procès d'intention, ça contribue à une suspicion", a commenté le ministre.

Trois jours avec un juge pour chaque nouveau policier. Il a proposé que "tout nouveau policier qui va occuper une fonction opérationnelle dans un commissariat vienne passer trois jours dans une juridiction, (...) pour découvrir le métier de juge. Et inversement, que tout nouveau magistrat puisse venir passer trois jours dans un commissariat de police". "Un policier consciencieux considère que, quand il a fini son travail, il doit y avoir immédiatement une sanction. Simplement, il y a un deuxième travail qui commence : celui du respect des droits de la défense, celui du contradictoire. Juger n'est pas un métier facile", a-t-il ajouté. "Tout réside pour moi souvent dans une méconnaissance du travail de l'autre", a-t-il conclu.