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Manon Fossat , modifié à
Un nouveau texte de militaires, accusant les principales autorités du pays de lâcheté et publié dans "Valeurs actuelles" dimanche, a mis le feu au poudre. Signataire de la première tribune, il y a trois semaines, le général Emmanuel de Richoufftz est revenu mercredi matin sur ses motivations, regrettant ainsi l'état de la France depuis plusieurs années.

Une nouvelle tribune, publiée dimanche soir sous forme de pétition par Valeurs Actuelles, est parue moins de trois semaines après la publication, dans le même hebdomadaire, d'une première tribune de généraux, dont certains sont désormais menacés de sanctions. Ils y dénonçaient le "délitement" de la France et se disaient prêts à "soutenir les politiques" qui œuvreraient contre. Des initiatives qui ont provoqué une petite tempête politique, n'épargnant aucun parti et poussant la ministre des Armées Florence Parly à intervenir pour rappeler l'exigence de neutralité du soldat. Invité d'Europe Matin mercredi, le général Emmanuel de Richoufftz, signataire du premier texte et soutien du second, a expliqué ses motivations. 

"Des tirs de kalashnikov en toute impunité"

Pour lui, l'actualité de ces derniers mois autour des violences contre les policiers et de l'assassinat de Samuel Paty est significative de l'ambiance qui règne en France. "Quand, tous les jours, vous avez des tirs à la kalachnikov dans des quartiers de Montpellier ou de Nîmes, en toute impunité, on peut dire qu'on est en guérilla urbaine. On est habitué à voir tout ça régulièrement sur nos chaînes et nos radios, mais moi je ne m'y habitue pas", a-t-il lancé. 

Selon lui, le pays est engagé dans une voie de violence courante et permanente. Et si l'Etat ne fait pas ce qu'il faut, le risque est de voir une police et une gendarmerie dépassées par les évènements. "Le premier travail qu'il faudrait faire, c'est un travail pour l'intégration. Quand l'insertion a raté, vous êtes marginalisés, et ça entraîne une révolte et le choix d'une voie qui n'est pas forcément celle de la loi", a-t-il jugé. "J'ai signé ces tribunes, parce que je pense que dans les banlieues, il y a lieu de faire quelque chose". 

"Ni de gauche ni de droite, je suis Français"

Le chef d'état-major des armées françaises a invité mardi dans un courrier les signataires anonymes de la seconde tribune de militaires à quitter l'uniforme pour défendre librement leurs opinions, tout en respectant la neutralité de l'armée. "Le plus raisonnable est certainement de quitter l'institution pour pouvoir rendre publiques en toute liberté ses idées et ses convictions", a écrit le général François Lecointre dans une lettre envoyée à tous les soldats.

Mais pour le général Emmanuel de Richoufftz, il faut arrêter de considérer les militaires comme des "rebelles". "Les mots des autorités ont été très forts. Mais quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage". Accusé justement de vouloir faire le jeu de l'extrême droite avec cette tribune, le général signataire a réfuté cette idée. "Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je suis d'abord Français et compte tenu de mon passé, j'ai la France qui coule dans mes veines. Ce qui me passionne, c'est mon pays".