EXCLUSIF - Macron, Brexit, propos du pape sur l'IVG : l'interview de Valéry Giscard d'Estaing en trois temps forts

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L'ancien président était l'invité exceptionnel de Nikos Aliagas jeudi matin. Âgé de 92 ans, il conserve un grand intérêt pour l'actualité et a distillé des conseils au nouveau chef de l'État, donné son point de vue sur le Brexit et rappelé son combat en faveur de l'avortement.
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Très discret dans les médias, Valéry Giscard d'Estaing sort du silence. Depuis son bureau, à Paris, où il a reçu Nikos Aliagas pour une interview exceptionnelle jeudi matin, l'ancien président de la République a répondu sans détour aux questions sur l'actualité quelques jours après la sortie de sa biographie officielle. Des soubresauts politiques français à la crise qui secoue l'Union européenne, en passant par les propos du pape François sur l'avortement, Valéry Giscard d'Estaing livre tantôt des conseils, tantôt des commentaires toujours d'actualité. Voici les trois temps forts de cette interview. 

Ses conseils au président Macron

Plus jeune président de la Cinquième République depuis son élection en 1974, Valéry Giscard d'Estaing a depuis été détrôné par Emmanuel Macron. Un président tout juste quadragénaire à qui il a distillé quelques conseils et commentaires. 

"Il n'y a pas de remaniement". "Si c’était un remaniement, il y aurait beaucoup plus de changement. Il y aurait sept ou huit ministres qu’on change. Donc on agite les milieux politiques français au nom d’un remaniement qui n’a pas lieu", déplore-t-il. "Il faut être calme. Il ne faut pas mettre les autres acteurs en situation d’agitation".

La France est "assez difficile à réformer". C'est un clin d'oeil aux "Gaulois réfractaires" et aux autres petites phrases polémiques d'Emmanuel Macron : "Si on veut obtenir des résultats, il faut parler clairement. Il faut garder totalement son calme. La polémique interdit la réforme", avertit l'ancien ministre des Finances de Charles de Gaulle. "Il y a un proverbe chinois qui dit : 'quand l'empereur est agité, le peuple est malade'", souligne "VGE" qui confirme que la France est "assez difficile à réformer".

Le Brexit, "ça suffit !"

Fervent défenseur de l'Europe, "VGE" n'apprécie guère le comportement des Britanniques, même s'il ne se dit pas surpris. "Il sont toujours eu, historiquement, un certain dédain pour l’Europe. Ils considèrent que c’est un continent désordonné qui ne respecte pas les règles, sur la parole duquel on ne peut pas toujours compter. Ils considèrent que l’Europe est une zone, parlons franchement, inférieure", résume l'ancien président. 

Et alors que l'Union vit une zizanie inédite, Valéry Giscard d'Estaing suggère de trancher dans le vif. "Il ne faut pas prolonger le désordre, ça suffit. Ils avaient deux ans pour travailler", répond-t-il, en opposition claire avec Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit qui s'est dit favorable à une prolongation d'un an de la période de transition. "On a une situation nouvelle, et dans cette situation nouvelle on va définir de nouvelles règles".

Il "regrette" les propos du pape sur l'IVG

Il est le président sous lequel l'avortement a été légalisé en France. C'était en 1975, il y a plus de quarante ans... "J’ai rencontré pendant mon septennat les papes qui étaient en fonction, il y en a eu deux, nous avons parlé, ils étaient en désaccord, je leur ai dit qu’à mon avis ils se trompaient", se souvient l'ancien président de la République. "Je leur ai dit que c’était leur responsabilité personnelle, mais que je ne changerai pas la mienne…" Alors, lui-même qui est catholique, a peu goûté la comparaison du pape François sur l'avortement au recours à un "tueur à gages". "Je regrette cette expression", a-t-il déclaré.