Nicolas Sarkozy 3:37
  • Copié
Gwladys Laffitte et Louis de Raguenel, avec et AFP
Condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes", Nicolas Sarkozy a fait appel de cette décision. Toujours mis en cause dans d'autres affaires, l'ancien chef de l'État voit son horizon politique s'obscurcir, à un an de la prochaine élection présidentielle.
DÉCRYPTAGE

Ce n'est pas un jour comme les autres pour la droite et la vie politique française en général : Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance à trois ans de prison, dont deux avec sursis, dans l'affaire dite des "écoutes", pour corruption et trafic d'influence. C'est la première fois qu'un ancien président de la République est condamné à de la prison ferme, Jacques Chirac ayant été condamné à deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris. Pour son successeur à l'Élysée, s'ouvre maintenant une période marquée par l'incertitude, sur plusieurs domaines.

Un appel suspensif dans ce dossier

En milieu d'après-midi, par la voix de son avocate, Me Jacqueline Laffont, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris. "Il est déterminé à poursuivre la démonstration de son innocence dans cette affaire. Il est déterminé à poursuivre devant la Cour d'appel ces démonstrations que nous avions faites devant le tribunal et qui, manifestement, n'ont pas été reprises en compte par cette décision", défend son conseil.

L'appel de Nicolas Sarkozy est suspensif, c'est-à-dire que la justice devra de nouveau se prononcer sur la culpabilité, ou non, de l'ancien chef de l'État. Dans tous les cas, la partie ferme est aménageable en détention à domicile sous bracelet électronique.

D'autres affaires judiciaires en cours

Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu'il doit à nouveau faire face à des juges, dès le 17 mars, au procès de l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012. Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui portant sur des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007.

C'est dans le cadre de cette dernière affaire que les juges avaient découvert, début 2014, l'existence d'une ligne téléphonique officieuse, ouverte par son avocat Thierry Herzog sous l'alias de "Paul Bismuth", pour communiquer avec l'ancien locataire de l'Élysée.

Un avenir politique compromis ?

La condamnation de Nicolas Sarkozy à de la prison ferme plombe l'idée d'un éventuel "recours" pour 2022 que certains commençaient à caresser, dans une droite toujours en quête de son candidat. L'ancien président, battu à la présidentielle de 2012 et aux primaires de 2016, pensait-il vraiment revenir ? "Il le faisait croire, cela participait d'une réhabilitation de son image, d'autant qu'il ne semblait se retrouver dans aucun des candidats de la droite", estime le politologue Pascal Perrineau.

" La droite voit en 2017 et aujourd'hui ses principaux champions éliminés de la campagne présidentielle "

Pour le moment, chez Les Républicains, on encaisse le choc, entre stupéfaction, tristesse et colère. À qui peut profiter politiquement cette décision de justice ? "En toute évidence, pas à la droite", répond Olivier Marleix, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et aujourd'hui vice-président des Républicains. "La droite voit en 2017 et aujourd'hui ses principaux champions éliminés de la campagne présidentielle. La justice, au-delà du PNF, s'invite de manière choquante dans notre fonctionnement démocratique."

Déjà, à droite, et notamment dans les entourages de Bruno Retailleau, Valérie Pécresse ou encore de Xavier Bertrand, on pense à l’après. Comme ce député Les Républicains qui, jusqu’à cette décision de justice, défendait le retour de Nicolas Sarkozy. Ce parlementaire plaide maintenant pour avancer le calendrier de désignation du candidat de la droite pour la prochaine présidentielle.

Quelles conséquences pour Emmanuel Macron ?

L'actuel chef de l'État ne pourra jamais le dire ainsi, mais cette condamnation de Nicolas Sarkozy éclaircit son horizon politique. C’est donc un obstacle en moins et une bonne nouvelle pour lui. Car, depuis le début du quinquennat, la Macronie suit les moindres faits et gestes de l’ancien chef de l'État comme le lait sur le feu. Maintenant qu'il est presque acquis que Nicolas Sarkozy ne se présentera pas en 2022, Emmanuel Macron n’a plus qu’une obsession : essayer de récupérer ses électeurs.