Eric Zemmour 1:28
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avec AFP , modifié à
Éric Zemmour était ce dimanche place du Trocadéro pour un meeting en vue de la campagne présidentielle. Le candidat de Reconquête ! a créé la polémique lorsque la foule a scandé "Macron assassin". Des propos condamnés par la classe politique dans un premier temps, et finalement condamné par Éric Zemmour lui-même.

Éric Zemmour, accusé par une partie de la classe politique d'avoir laissé la foule scander "Macron assassin" pendant son meeting dimanche à Paris, a finalement "condamné" ces propos visant le chef de l'État, selon son entourage.

Le slogan a été scandé sur l'esplanade du Trocadéro une dizaine de fois après que le candidat de Reconquête! a déclaré : "Certains s'indignent de ma fermeté. Ce qui m'indigne moi, ce ne sont pas les mots et les concepts, ce sont les drames quotidiens que vous subissez. Ce qui m'indigne moi, c'est qu'on ne rendra jamais la paix à Evelyne Reybert, maman de Julien, massacré" à Romans-sur-Isère. Ce qui m'indigne, moi, c'est qu'on ne consolera jamais les enfants de Sarah Halimi ou de Mireille Knoll. On ne rendra jamais justice à tous ceux que l'État n'a pas su protéger." Éric Zemmour a alors fait une pause dans son discours tandis que montaient les cris, sans toutefois intervenir.

"Laisser traiter un adversaire de meurtrier, c'est dangereux"

"Il ne l'a pas entendu" et "il condamne ce qu'a dit la foule à ce moment-là". "Il ne reprend pas l'expression à son compte. Il n'a jamais utilisé un tel terme et ne l'a jamais laissé entendre dans son discours", a affirmé son entourage, interrogé à plusieurs reprises sur cet épisode.

"Éric Zemmour laisse une foule crier 'Macron assassin'. Je combats avec force le président sortant mais laisser traiter un adversaire de meurtrier, c'est dangereux pour la République", avait auparavant déploré Valérie Pécresse dans un tweet.

"Ce n'est certainement pas ça la droite ! Ce n'est pas ça ma France !", a ajouté la candidate LR, alors qu'Eric Zemmour s'est présenté pendant son meeting comme "seul candidat de droite". "C'est une honte pour la démocratie et la République d'entendre de tels propos", a abondé le président des députés LR Damien Abad à propos du slogan entendu.

"Quand on veut être président de la République, on doit d'abord la faire respecter par ses propres militants !", a renchéri le président de la région Paca Renaud Muselier, qui a quitté LR.

Un "nouveau degré" franchi ?

De Guadeloupe où elle fait campagne, Marine Le Pen, a elle estimé qu'il y avait "une forme d'outrance qui répond à une forme d'outrance". "C'est un propos tout à fait outrancier. C'est regrettable. On a suffisamment de choses à reprocher à Emmanuel Macron pour ne pas tomber dans ce type d'outrance", a-t-elle dit. Elle a aussi jugé "pas raisonnable" de la part de son concurrent d'extrême droite "de continuer à diviser les patriotes", critiquant une "fuite en avant d'Eric Zemmour qui perd de vue l'intérêt général, l'intérêt supérieur du pays".

Dans la majorité présidentielle, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale Christophe Castaner a qualifié d'"irresponsable" l'attitude du candidat, qui "a laissé faire". L'ancien ministre a considéré qu'il avait même "fait la démonstration cet après-midi de son empêchement présidentiel".

Ce n'est pas non plus "la droite républicaine ; jamais la droite républicaine ne ferait cela. Par contre l'extrême droite, oui, depuis longtemps", a-t-il ajouté.

L'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, qui a appelé à voter Emmanuel Macron, s'est inquiété du "niveau des intentions de vote de l'extrême droite", estimant qu'"au Trocadéro un nouveau degré a été franchi" dans "la violence des discours".