Bertrand Piccard 3:31
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Manon Fossat , modifié à
Les prix du gaz et de l'électricité s'envolent en France. Pour faire face à cette flambée, le gouvernement s'oriente vers plusieurs pistes. Sur Europe Matin mercredi, le président de la fondation Solar Impulse, Bertrand Piccard, qui défend dans un livre une approche "réaliste" de l'écologie, a appelé à utiliser le solaire et le vent.
INTERVIEW

Le gouvernement a évoqué mardi plusieurs "pistes" pour soutenir les industries très consommatrices en énergie face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité, et tenter de stabiliser les tarifs électriques à plus long terme. Invité de Sonia Mabrouk dans Europe Matin mercredi, l'environnementaliste Bertrand Piccard, a jugé que la volonté d'Emmanuel Macron de développer le nucléaire à travers la création de mini centrales appelées SMR, n'était pas une solution d'avenir pour le pays.

"Ca fait très longtemps que les spécialistes disent que les énergies fossiles ne peuvent que voir leur prix augmenter car ce sont des quantités limitées et que les énergies renouvelables ne peuvent que voir leur prix baisser car ce sont des sources illimitées. Et nous sommes exactement dans cette situation-là aujourd'hui", a-t-il rappelé. 

Une solution trop tardive

Pour le président de la fondation Solar Impulse, qui publie ce mercredi l'ouvrage Réaliste. Soyons logiques autant qu'écologiques, aux éditions Stock, le nucléaire n'apparaît pas comme la solution écologique idéale pour lutter contre cette flambée des prix. "Les centrales actuelles produisent de l'énergie décarbonée, mais pas assez puisqu'une grande partie de notre société est toujours au pétrole. Même si ce n'est pas très malin de fermer des centrales, ça ne l'est pas non plus d'en construire des nouvelles aujourd'hui parce que c'est trop tard", a jugé Bertrand Piccard.

"Tous les rapports du Giec montre que nous avons dix ans pour décarboner la moitié de notre société. Et ces centrales arriveront bien après parce qu'on voit bien à quel point il est difficile de développer de nouvelles technologies. Alors utilisons celles qui existent déjà comme le solaire et le vent, beaucoup moins chères pour faire de l'électricité que le nucléaire, le pétrole, le gaz et le charbon", a poursuivi l'environnementaliste.

"60% de l'énergie produite est perdue par inefficience"

Il a également regretté que le pays "gaspille" et "perde par inefficience" 60% de l'énergie qu'il produit par des maisons mal isolées ou des systèmes d'éclairage et de chauffage non adaptés. "C'est sur ça qu'il faut travailler. Parce que si vous voulez baisser la facture des gens les plus démunis, il faut d'abord leur permettre de gaspiller moins", a-t-il appelé. 

Pour lui, les débats autour de la transition énergétique ne mettent pas suffisamment sur la table les solutions. "On ne parle que des problèmes et pourtant des solutions existent. C'est pour cette raison que j'ai appelé mon livre Réaliste. Souvent c'est juste du bon sens et ça ne sert à rien de développer des nouvelles technologies high-tech car nous avons déjà des solutions qui sont financièrement rentables, qui protègent l'environnement et qui permettent de lutter contre les changements climatiques."