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Louis de Raguenel, édité par Manon Fossat , modifié à
Emmanuel Macron a l'intention d'annoncer dans les prochaines semaines la création de mini centrales nucléaires. L'objectif, venir en appoint des centrales classiques grâce à des réacteurs plus économiques et plus écologiques. Sur Europe Midi lundi, le physicien Greg de Temmerman est revenu sur ce dispositif et sur les avantages qu'il présente.

Le nucléaire est bien parti pour s'inviter dans la campagne présidentielle. C'est en tout cas le souhait d'Emmanuel Macron, qui selon les informations obtenues par Europe 1, a l'intention d'annoncer dans les prochaines semaines la construction de mini centrales nucléaires. Le chef de l'État envisage en effet la construction de SMR, des réacteurs modulaires nouvelle génération, plus économiques et plus écologiques, qui viendraient en appoint dans les centrales classiques.

"Standardiser et diminuer les coûts"

Invité d'Europe Midi lundi, Greg de Temmerman, physicien, chercheur associé aux Mines-ParisTech PSL et directeur général du think-tank Zenon Research a détaillé le principe de ces Small Modular Reactor. "En France à l'heure actuelle nous avons des centrales ou des réacteurs qui font entre 900 et 1.400 MWe, donc des unités assez grosses. L'EPR en construction a Flamanville par exemple a une puissance de 1.650 MWe", a-t-il expliqué.

"Ces SMR, ou mini centrales, pourraient faire entre 10 et une centaine de MWe. Donc ils ont vocation à être beaucoup plus petits mais beaucoup plus flexibles. Mais surtout ils permettraient de simplifier la construction, de standardiser un maximum et de diminuer les coûts", a-t-il poursuivi. Concernant la capacité de la couverture en électricité de ces petites centrales, elle peut varier selon le chercheur. "Vous pouvez avoir des unités d'une dizaine de MWe qui vont être utilisées pour les toutes petites villes ou des sites industriels, et d'autres SMR plus importants qui fourniraient de l'électricité à des villes de taille moyenne", a affirmé Greg de Temmerman. 

Les installer dans des sites isolés

Si le nucléaire ne rejette pas de CO2, la question des déchets, elle, est au centre des débats et pose des problèmes de sécurité. Mais c'est justement là pour le physicien un des avantages de ces mini centrales. "Les petits réacteurs sont plus sûrs parce qu'ils génèrent moins de puissance et c'est donc plus facile de mettre en place des systèmes de sûreté passifs et de faire en sorte que la puissance dissipée soit beaucoup plus faible", a-t-il encore détaillé. "Par rapport à la puissance, la même quantité d'uranium va être utilisée et au contraire, certains réacteurs permettent même de le brûler un peu mieux que ce qu'on fait à l'heure actuelle", a encore indiqué Greg de Temmerman.

Enfin, le but de ces SMR est de venir en appoint dans les centrales classiques, mais pas forcément en France, où la capacité de production est déjà importante. "L'idée c'est souvent qu'ils puissent être installés dans des sites plus ou moins isolés, raccordés à des villes qui ne sont pas très faciles à raccorder à de gros réacteurs. On peut par exemple facilement imaginer remplacer les centrales à charbon dans des pays où elles sont installées depuis 40 ou 50 ans", a-t-il jugé. L'avantage serait donc ne pas générer beaucoup de CO2, tout en ayant de la puissance disponible et pilotable.