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Nicolas Beytout
Prime de 800 euros pour les infirmiers parisiens gagnant moins de 1.900 euros par mois, budget rehaussé de 1,5 milliard d'euros sur trois ans, reprise d'un tiers de la dette : notre éditorialiste Nicolas Beytout revient pour Europe 1 sur le plan d'urgence en faveur des hôpitaux, présenté mercredi par le gouvernement.  

Après huit mois de crise dans les hôpitaux publics, le gouvernement a présenté son plan pour l’hôpital, mercredi. Des propositions du Premier ministre Edouard Philippe et de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn qui n'ont pas eu le succès escompté auprès des principaux intéressés, pas convaincu par l’exécutif. Pourtant le gouvernement a changé son fusil d'épaule selon notre éditorialiste Nicolas Beytout, directeur du journal l'Opinion, en tentant de répondre immédiatement à la crise de l’hôpital.

"Enfin un traitement de choc, après deux plans pour rien ou presque ! Deux plans qui promettaient des solutions pour demain, à un horizon 2022, mais rien ou pas grand-chose pour aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement a compris qu’il devait frapper fort, qu’il fallait mettre les moyens, les mettre pour tous, et le faire tout de suite. Son plan cible un peu toutes les professions de santé : les infirmiers, les aides-soignants, les médecins jeunes et moins jeunes, avec des primes (dont certaines ciblées sur la région parisienne, là où il y a un problème de coût de la vie, ce qui est intelligent). Il y a aussi des modifications de statut qui vont impacter positivement les carrières des médecins hospitaliers. Et ce sera applicable tout de suite. 

La peur des manifestations du 5 décembre

C’est à la fois la prise de conscience que faire des grands plans, des grandes promesses sur plusieurs années, était devenu inaudible, presque insupportable. Mais c’est aussi la peur qui a joué : celle des manifestations du 5 décembre. Il fallait absolument apporter tout de suite une réponse à la crise de l’hôpital et donner des gages aux professionnels de santé pour limiter au maximum l’effet contagion, la transmission du virus de la colère et la jonction avec les grévistes de la SNCF. Ça c'est pour faire baisser la fièvre dans l'immédiat.

 

Il y a aussi un traitement de longue durée. Le gouvernement s'engage à augmenter de 1,5 milliard d’euros les budgets des hôpitaux et de les garantir sur plusieurs années, jusqu’à la fin du quinquennat. Et puis il y a bien sûr l’annonce la plus attendue : celle de la reprise par l’Etat d’une partie de la dette des hôpitaux, pour un montant de 10 milliards d’euros. C’est spectaculaire, c’est massif, et si on entend les personnels hospitaliers, ça a l’air parfaitement indolore, alors que ce n'est pas le cas.

La dette, cette maladie de longue durée

La dette des hôpitaux publics est déjà intégrée dans la comptabilité des fameux 3% de Maastricht. En revanche, désolé, mais repasser la dette de l’hôpital à l’Etat, ça change tout. Aujourd’hui, c’est l’hôpital qui doit rembourser cette dette. Il le fait comme n’importe quelle entreprise, en prenant sur ses recettes, sur son chiffre d’affaires, et en gérant mieux pour se créer des marges de manœuvre. Demain, ce n’est plus l’hôpital qui paiera pour s’être endetté, même pas les établissements qui ont été de mauvais gestionnaires. Non, ce sera vous et moi, nos impôts, nos taxes. C’est bizarre comme les Français sont insensibles à cette maladie de longue durée qu’est la dette. Bizarre qu’ils la négligent au point d’en rajouter, et qu’ils ne songent même pas à se soigner".