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Europe1.fr avec Isabelle Ory et AFP
La commission des Affaires juridiques du Parlement européen a tranché. Pour seulement une voix, Thierry Breton peut poursuivre son parcours vers la Commission européenne. L'ancien ministre de l'Économie de Jacques Chirac est le deuxième choix du président Emmanuel Macron après Sylvie Goulard, recalée le mois dernier.
ON DÉCRYPTE

Le candidat français à la Commission européenne, Thierry Breton, a franchi mardi de justesse une première étape face aux eurodéputés, qui ont estimé lors d'un vote que son profil ne présentait pas de risques de conflit d'intérêt. La commission des Affaires juridiques (Juri), chargée d'examiner la déclaration d'intérêt de l'ex-ministre français de l'Économie, qui a été ensuite PDG du groupe de services informatiques Atos pendant onze ans, a décidé qu'aucune question ni audition supplémentaire n'était nécessaire le concernant. Le vote, secret, est passé à 12 voix contre 11. Le Français, qui a également dirigé Thomson et France Télécom, doit, après ce feu vert, passer une audition jeudi après-midi au Parlement européen, qui décidera ensuite de valider ou non sa candidature.

Soutien de Renew et du PPE

"Il n'y a pas eu de demande de question complémentaire à l'issue de l'examen de sa déclaration, ce qui démontre qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts", a réagi l'entourage de Thierry Breton auprès de l'AFP. "Il aura l'occasion ce jeudi de présenter la cohérence du portefeuille pour lequel il est désigné et comment il souhaite travailler en transparence avec les parlementaires européens", a-t-on ajouté. De sources concordantes, Thierry Breton, désigné par Emmanuel Macron pour un très large portefeuille comprenant le Marché intérieur et le Numérique, a été soutenu par les libéraux de Renew et le PPE, la droite européenne. "Le PPE a considéré que sur le plan du conflit d'intérêts, il n'y en avait pas", a déclaré l'eurodéputé français Geoffroy Didier, membre de la commission Juri. "Un passé ne veut pas forcément dire un passif", a-t-il ajouté.

Manon Aubry "écœurée"

"Je sors complètement écœurée. Tout cela est d'une hypocrisie sans nom", a estimé de son côté l'eurodéputée Manon Aubry (gauche radicale), qui était favorable, au même titre que les écologistes et les socialistes, à ce que Thierry Breton fournisse par écrit des éclaircissements supplémentaires sur sa déclaration d'intérêt. "J'ai perdu la première manche contre Thierry Breton : les eurodéputés LR et LREM viennent de décider que sa présidence d'Atos ne pose aucun conflit d'intérêt ! Deuxième manche jeudi", a twitté Gilles Lebreton, eurodéputé d'extrême droite, également en faveur de questions supplémentaires. 

Prenant les devants sur d'éventuels soupçons, Thierry Breton a annoncé avoir cédé toutes ses parts dans son ancienne entreprise Atos, qu'il a quittée le 31 octobre, ainsi que dans son ex-filiale Worldline. Il a également quitté les mandats qu'il exerçait au sein des conseils d'administration de Worldline, Carrefour, de l'opérateur téléphonique sénégalais Sonatel et d'une filiale française de Bank of America. En passe de devenir le premier grand patron promu commissaire européen, Thierry Breton a par ailleurs annoncé qu'il se récuserait "automatiquement de toute décision de gestion financière, contractuelle ou assimilée qui concernerait directement Atos ou l'une de ses entités".