Comment réduire les inégalités femmes-hommes, exacerbées par la crise sanitaire ?

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Margaux Lannuzel

Le Conseil économique et social (Cese) a présenté mercredi un avis mesurant l'impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur les inégalités entre les femmes et les hommes en France. Invitée de la matinale d'Europe 1, jeudi, la co-rapporteure du texte, Olga Trostiansky, évoque des problématiques exacerbées par la pandémie. 

"La pandémie a agi comme le révélateur des inégalités femmes-hommes et a généré, dans certains cas, un véritable recul des droits des femmes." Tel est le constat du Conseil économique et social (Cese), qui a présenté mercredi un avis intitulé "Crise sanitaire et inégalités de genre", en présence de la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno. Invitée d'Europe 1, jeudi matin, la co-rapporteure du texte, Olga Trostiansky, a cité quelques exemples d'accroissement des inégalités de genre dus au Covid-19.  

Des inégalités accrues sur de multiples fronts

"Il y a un certain nombre de personnes dans notre société qui ne voient pas ces inégalités", déplore Olga Trostiansky, par ailleurs présidente du Laboratoire de l'égalité. "Elles ont pourtant été très apparentes au niveau du renoncement aux soins, de la santé mentale, des violences faites aux femmes, de l'accès aux droits sexuels et reproductifs… Mais aussi sur des aspects de répartition des tâches domestiques et de télétravail", diagnostique la conseillère du Cese, qui a auditionné des responsables d'associations, des chefs d'entreprise mais aussi des philosophes avant de rendre son avis. 

"En ce moment, on parle beaucoup de difficultés pour la santé mentale. (…) Et on sait que tout ce qui concerne les crises d'anxiété, le manque de sommeil, etc., c'est vraiment un sujet pour les femmes", qui ont souvent vu leur charge mentale augmenter pendant les différents confinements, poursuit la spécialiste. Et d'affirmer que "le télétravail a été vécu de manière beaucoup plus difficile par les femmes."

Une "analyse d'impact genrée" préconisée pour le télétravail

Pour agir face à ces inégalités accrues, le Cese formule une liste de 18 propositions. Pour le télétravail, il préconise par exemple une "analyse d'impact genrée" dans toutes les entreprises, pour mieux anticiper son impact sur le quotidien des femmes. Quant à la réduction de la charge mentale, il propose d'étendre une aide à la garde attribuée aux femmes seules avec enfant - actuellement accessible pour les enfants jusqu'à six ans, elle le serait jusqu'à dix ans.  

Plus globalement, le Conseil économique et social souhaite voir naître un "plan de relance national de prévention et de retour aux soins" pour agir en faveur de la santé et du bien-être des femmes. Déplorant "l'absence des femmes dans les instances d'aide à la décision", Olga Trostiansky appelle le gouvernement "à associer les conseillers et conseillères du Cese, la délégation aux droits des femmes du Sénat et de l'Assemblée nationale, et l'ensemble des associations qui travaillent depuis des dizaines d'années sur le sujet". Et ce afin "qu'on puisse franchir des étapes à un rythme soutenu et ambitieux" en matière d'égalité femmes-hommes.