Adama Traoré Manifestations 1:15
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Jean-Rémi Baudot, édité par , modifié à
De nombreuses manifestations contre les violences policières sont organisées samedi, à l'appel du comité "Vérité pour Adama" Traoré. Dans les couloirs de l'Élysée et des ministères, la politisation de cette mobilisation inquiète, avec la menace que constitue cette possible "poudrière".
DÉCRYPTAGE

À l'appel du comité "Vérité pour Adama" Traoré, de nouvelles manifestations sont attendues samedi, notamment à Paris, contre le racisme et les violences policières. Dans un contexte où les mouvement antiracistes appellent notamment à déboulonner toutes les figures qui ont de près ou de loin participé au passé colonial de la France, ces manifestations sont suivies de près par le gouvernement.

Cette semaine, en privé, Emmanuel Macron s’est ému de la volonté de certains militants d’abattre des statues : "Effacer notre histoire ne règle pas les problèmes." À l'Élysée, en tout cas, on oppose à "ces dégradations" un nécessaire "regard mémoriel".

"Discours d'insurrection"

À l’Assemblée nationale, la statue de Colbert, grand penseur de l'État à la française mais aussi rédacteur du "Code Noir" pour les colonies, est la cible des associations antiracistes. Ce qui conduit ce proche du chef de l'État à s'alarmer : "Jusqu’où va-t-on dans l’épuration historique de notre passé ?" La question est sensible et le malaise demeure palpable dans les ministères. "Des gens instrumentalisent la couleur de peau pour en faire un projet politique", décrypte un conseiller.

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Crédits Jean-Rémi Baudot / Europe 1

C'est justement cette politisation qui inquiète. Le ministère de l'Intérieur, non loin du palais présidentiel, reste d'ailleurs particulièrement vigilant : "Je veux bien qu’on redécouvre le Comité Adama Traoré, mais ils font de la politique. Ils portent un discours d’insurrection", pointe-t-on place Beauvau.

Macron va-t-il en parler dimanche ?

Pour l’exécutif, ces manifestations bénéficieraient "d’un effet de loupe médiatique" et prônent avant tout le communautarisme. "L’extrême gauche s’attaque à l’imaginaire français et aux fondamentaux de la République", fustige un proche du président. Un ministre dénonce également une "stratégie du coucou" : "On a vu ce que l’ultra-gauche a fait des 'gilets jaunes'."

La question sera-t-elle abordée par Emmanuel Macron dimanche soir, lors de son allocution aux Français ? Pour l’heure, l'Élysée refuse de le confirmer, mais un conseiller s’alarme : "C’est une poudrière. Il faut vite trouver les mots pour ne pas avoir deux France face à face."