Devant l'Assemblée nationale, Edouard Philippe a déclenché l'article 49-3 de la constitution. 2:27
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Aurélie Herbemont, édité par Ariel Guez , modifié à
Pour stopper "l'obstruction parlementaire" face à la réforme des retraites, Edouard Philippe a déclenché l'article 49-3 de la constitution, qui permet de se passer des débats à l'Assemblée nationale. Si l'opposition dénonce un "LBD parlementaire" ou un "coup de force", les membres de la majorité se félicitent du choix du Premier ministre. Certains parlent même d'une "délivrance".

C'est un coup de tonnerre qui s'est abattu sur le Palais Bourbon. Si la menace d'un 49-3 planait sur l'enceinte de l'Assemblée nationale dès l'annonce du dépôt de dizaines de milliers d’amendements de la part de la France Insoumise et du PCF pour l'étude de la réforme des retraites, peu de monde s'attendait que ce que les insoumis qualifient de "LBD parlementaire" soit dégainé samedi, en fin d'après midi. Face à l'Assemblée nationale, Edouard Philippe a engagé la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi instituant un système universel de retraites. 

"Ça fait coup de Trafalgar", admet un conseiller ministériel en off

Après treize jours de débat et alors qu’il restait 29.000 amendements, l'exécutif a décidé d’abréger l’examen du texte. Et le gouvernement assume le fond : "Il fallait mettre fin à l'obstruction parlementaire". Mais aussi la méthode : déclencher cette procédure un samedi après-midi dans un hémicycle parsemé et à l’issue d’un Conseil des ministres consacré au coronavirus. "Ça fait coup de Trafalgar", admet un conseiller ministériel en off, "mais c’est le concept du 49-3 : prendre tout le monde par surprise".

Les parlementaires de la majorité étaient exaspérés par la longueur des débats, qui, avec les amendements des députés des groupes France Insoumise et Gauche démocrate et républicaine, où siègent les communistes, n’avançaient pas selon eux. "C’est une délivrance", souffle même un député, alors que de fait, le 49-3 prive de débat la chambre basse du parlement... et de vote. Soit le texte du projet de loi passe, soit le gouvernement se fait "censurer".

"La blague avait assez duré"

Deux motions de censure ont été déposées dans la foulée du discours du Premier ministre. À gauche, les groupes LFI, PS et GDR se sont joints, tandis que le groupe Les Républicains a déposé une motion seul. Mais le risque est minime pour le gouvernement. LREM dispose d'une écrasante majorité au Palais Bourbon et devrait balayer ces motions de censure d'un revers de main. 

"Les gens ont bien vu que l’opposition est irresponsable", veut croire un autre député LREM. "La blague avait assez duré" tranche même un proche d’Edouard Philippe. Des membres de la majorité qui ne s'inquiètent pas d'un vote sanction aux élections municipales, qui auront lieu dans deux semaines. Alors que la CGT appelle à se mobiliser, des rassemblements spontanés contre le 49-3 se sont déroulés partout en France samedi. Mais une élue dédramatise. "On savait déjà qu’on allait prendre une raclée (aux élections municipales, ndlr), alors autant être efficaces et avancer".