Bellamy, Evren et Danjean, le trio qui doit mener LR aux européennes

Agnès Evren, Arnaud Danjean, Bellamy
Agnès Evren, Arnaud Danjean et François-Xavier Bellamy sont les trois premiers de la liste LR aux européennes. © Montage AFP
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Un intellectuel, une ancienne proche de Pécresse et un eurodéputé… Pour emmener la liste LR aux européennes, Laurent Wauquiez a misé sur la complémentarité des profils.

"Par ce trio, j'ai voulu envoyer un message très fort de rassemblement de toute la droite et de ses sensibilités." C'est ainsi que Laurent Wauquiez, patron des Républicains, a justifié ses choix pour les élections européennes, mardi, dans une interview au Figaro. Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes a en effet désigné François-Xavier Bellamy, Agnès Evren et Arnaud Danjean pour emmener la liste LR le 26 mai prochain. Un agrégé de philosophie, une élue parisienne et un eurodéputé sortant, dont la complémentarité doit donc assurer la popularité.

François-Xavier Bellamy, la droite des "valeurs"

François-Xavier Bellamy, "FIX" pour les intimes, est un véritable pari. Celui de la jeunesse et du renouvellement d'abord, puisqu'à 33 ans, ce normalien, agrégé de philosophie, n'a que peu d'expérience en politique. Certes, il est adjoint au maire de Versailles depuis dix ans, mais l'intellectuel a échoué aux législatives en 2017 et n'est pas encarté LR. Le pari, aussi, que le déficit de notoriété sera compensé par l'incarnation de valeurs fortes. Authentique conservateur, François-Xavier Bellamy est une figure qui doit s'adresser au noyau dur des militants de droite, ceux qui se sont exprimés en faveur de François Fillon dès 2016. Notamment les catholiques, opposés à l'extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, voire contre l'interruption volontaire de grossesse.  Un avis partagé par François-Xavier Bellamy, qui précise néanmoins qu'il s'agit d'une "conviction personnelle" et qu'il n'est "pas question de revenir sur la loi Veil".

Reste que cette "conviction personnelle" pourrait lui porter préjudice. "Si on passe plus de temps à expliquer sa position sur l'avortement que nos propositions européennes, ça va être compliqué", prédit une députée LR dans L'Opinion. Pour Laurent Wauquiez, la nouvelle tête de liste "fait partie de ceux qui défendent l'enracinement et la transmission de l'identité et de la culture". Des thèmes qui devraient venir sur le devant de la scène dans le débat des européennes.

Agnès Evren, la Parisienne modérée

Au vu du profil de la tête de liste, celui de la numéro 2, Agnès Evren, apparaît comme une tentative d'équilibre de la part de Laurent Wauquiez. Et cela fonctionne auprès de certains. "Sur le mariage pour tous et l'IVG, je ne partage en rien les positions de François-Xavier Bellamy. C'est pour ça que la présence d'Agnès Evren et d'Arnaud Danjean me rassure", a déclaré mardi, sur CNews, l'eurodéputé LR Renaud Muselier.

 La première, présidente de la Fédération LR de Paris a fait toute sa carrière auprès de personnalités de la droite modérée : passée  par les cabinets ministériels de Xavier Darcos et François Baroin, elle a ensuite été porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet pendant les municipales de 2014, avant de s'engager auprès de Valérie Pécresse. Vice-présidente de la Région Île-de-France, elle a également assuré le porte-parolat du mouvement "Libres!", crée par l'ancienne ministre de l'Enseignement supérieur.

Récemment néanmoins, Agnès Evren a pris de la distance avec Valérie Pécresse pour réduire celle qui la séparait de Laurent Wauquiez. Elle fait d'ailleurs partie des signataires d'une tribune, parue le 9 janvier dernier dans L'Opinion, contre le "Wauquiez bashing" au sein même de LR. "Je n'appartiens à aucun clan", clame-t-elle aujourd'hui dans Le Figaro. "Elle représente la droite urbaine", appuie Laurent Wauquiez.

Arnaud Danjean, la caution européenne

À deux personnalités peu habituées à l'exercice, Laurent Wauquiez a adjoint un homme rompu aux arcanes du Parlement européen. Le numéro 3 sur la liste, Arnaud Danjean, eurodéputé sortant, est aussi un spécialiste des questions de défense et de sécurité chères à LR. Le candidat idéal pour Gérard Larcher et Bruno Retailleau, ce qui est d'autant plus notable qu'Arnaud Danjean avait pourtant soutenu Alain Juppé pendant la primaire. "Représentant de la sensibilité du centre droit, il a décidé de rester fidèle à sa famille politique", salue aujourd'hui Laurent Wauquiez dans Le Figaro.

Des trois candidats désignés, il est celui qui, assez logiquement, a déjà le plus pris position sur les élections européennes, regrettant par exemple qu'Emmanuel Macron instaure un clivage binaire entre progressistes et nationalistes.

 

 

 

Où en sont les autres partis ?

Alors que chez LR on vient tout juste de choisir les têtes de liste aux européennes, d'autres partis ont pris de l'avance. Ainsi, la France Insoumise avait dévoilé la sienne, emmenée par Manon Aubry, dès le mois de décembre. Chez les communistes, la tête de liste Ian Brossat était connue depuis longtemps, mais le reste des candidats a été dévoilé samedi. Les douze premiers noms de la liste Rassemblement national, avec notamment le jeune Jordan Bardella numéro 1, ont été confirmés à la mi-janvier. Quant à Yannick Jadot, il est bien décidé à conduire la liste Europe Ecologie-Les Verts.

En revanche, c'est toujours très compliqué du côté du Parti socialiste et de la République en marche. Le premier comptait sur Ségolène Royal, qui a finalement décliné faute de rassemblement plus large. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a indiqué mardi sur Europe 1 qu'il était toujours prêt à s'unir avec d'autres forces à gauche, notamment les écologistes et Génération.s de Benoît Hamon, alors que ces derniers ont déjà refusé. "Franchement, on en est à signer les mêmes textes, les mêmes tribunes dans les journaux et après, on dit qu'on va y aller de manière séparée. Quel sens ça peut avoir ?", s'est-il agacé. Il lui reste encore une chance : s'allier avec Place Publique, le mouvement lancé notamment Raphaël Glucksmann.

LREM, de son côté, n'a pas tranché mais promis de dévoiler sa liste "fin février". Divers noms ont circulé, souvent démentis. Le dernier en date est celui de Jean-Yves Le Drian… qui a immédiatement fait savoir qu'il n'était pas intéressé.