Sylvain Fort 19:13
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Mathilde Durand , modifié à
Ancien conseiller en communication, Sylvain Fort revient quatre ans après son élection sur le mandat du président de la République Emmanuel Macron. "Je pense que les choses ont changé", assure-t-il sur Europe 1, pointant les ambitions du candidat mais aussi la réalité du pouvoir. 
INTERVIEW

Il y a quatre ans, Emmanuel Macron était élu président de la République sous les couleurs de son mouvement En Marche. Sylvain Fort, ex-conseiller en communication et ancienne plume du chef de l'Etat de mai 2017 à janvier 2019 revient sur les promesses du candidat et dresse une forme de bilan de ce mandat, à quelque mois de l'échéance de 2022. "Il y a quatre ans, on avait promis une forme de renouveau de la vie politique française, à la fois dans les visages et aussi dans les méthodes. Je pense que c'est quelque chose qui a été tenu", souligne-t-il sur Europe 1.

Le poids de l'Etat

"Je pense que les choses ont changé", poursuit l'ancien conseiller. "Ce qui est frappant, et je pense que les Français s'en rendent compte malgré tout, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a aucun sujet qui est abordé sous l'angle dogmatique." Les mesures à adopter sont jugées en fonction de leur utilisé, selon Sylvain Fort et non plus sur une idéologie ou un corporatisme.

Depuis son élection, Emmanuel Macron, qui s'était placé comme le candidat de la réforme a vu certaines de ses ambitions déchanter. "Dans l'exercice du pouvoir, on se heurte assez systématiquement à ce qu'il est convenu d'appeler l'Etat profond, c'est à dire le fait que malgré tout, il y a une inertie de la machine d'État, de la machine administrative qui n'est pas due nécessairement à la mauvaise volonté des agents, mais au poids global de cette machine", explique Sylvain Fort. "Tout le monde se rend compte qu'entre ce qu'on dit et ce qu'on veut faire et ce qui se passe réellement, il y a toujours cet espèce de retard à l'allumage."

"En 2017, le monde n'était peut-être pas tout à fait aussi dangereux qu'il l'est devenu aujourd'hui", ajoute le communicant. "La montée de la Chine, la montée de la Turquie, la permanence du djihadisme : ce sont des sujets qui s'imposent aussi à un chef de l'Etat." Un "poids géopolitique" qui n'est pas encore perceptible dans une campagne électorale, précise Sylvain Fort.

"Verticalité républicaine"

Sylvain Fort a collaboré avec Emmanuel Macron sur l'écriture de discours et la stratégie de communication du chef d'Etat nouvellement élu. Il revient sur une des principales préoccupations de l'équipe présidentielle : "restaurer le poids de la verticalité républicaine". "Le fait que précisément, le président est l'émanation du peuple, rend compte au peuple, mais finalement est dans une situation particulière", explique-t-il. Une verticalité soulignée par le discours de victoire, prononcé au Louvre.

A cette époque, la communication du président vise aussi à revaloriser la parole présidentielle qui s'était, selon Sylvain Fort, "beaucoup diluée" lors des précédents quinquennat. "Il faut à chaque moment se rappeler qu'on est président de la République. Les hommes ou les femmes qui exercent cette fonction, d'une certaine manière, ne s'appartiennent plus", ajoute-t-il, saluant la capacité d'Emmanuel Macron à la "gravité" dans ses discours.

Une recomposition du paysage politique

En 2017, le candidat Macron incarnait une volonté de "dégagisme" des partis politiques traditionnels. Quatre ans après, l'ex-communicant estime que ce désir de "renouvellement" demeure. "On a affaire aujourd'hui à des partis politiques qui sont extraordinairement affaiblis, qui cherchent à se reconstruire, à refaire des alliances, à recomposer le paysage", explique Sylvain Fort, évoquant notamment la situation des régionales en Paca.

Il se défend d'un retour à la politique "à l'ancienne". "Ce n'est pas comme avant, ce ne sont pas des accords d'appareil. Ce sont des gens qui cherchent un port, une attache, une adhésion". "Je pense que la stabilité d'un paysage politique, c'est aussi important pour une démocratie", concède-t-il. "Et la France est, de ce point de vue là, dans la mutation de son paysage politique."