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avec AFP / Crédit photo : Miguel MEDINA / AFP
Lors d'une conférence de presse, le patron du RN, Jordan Bardella, a plaidé pour "une rétention de sûreté" en matière terroriste, le cas échéant "à vie", deux jours après l'attentat qui a couté la vie à un touriste germano-philippin dans le 15e arrondissement de Paris.

"Je ne crois pas à la déradicalisation", a affirmé lundi le président du RN, Jordan Bardella, deux jours après l'attaque mortelle au couteau à Paris, plaidant pour "une rétention de sûreté" en matière terroriste, le cas échéant "à vie". "Hormis être naïf, personne ne croit qu'en trois ou quatre ans, vous êtes déradicalisé", a estimé le leader d'extrême droite lors d'une conférence de presse, en disant penser que "les islamistes d'hier et d'aujourd'hui sont les terroristes de demain". Et d'attaquer plus frontalement le gouvernement qui a, selon lui, "érigé l'irresponsabilité en méthode de gouvernement normal. Jamais personne n'est responsable de rien. Je pense que ça commence à exaspérer un peu les Français". 

Selon le leader du RN, l'hypothèse selon laquelle le terroriste aurait feint la repentance est plausible. "Je ne crois pas à la déradicalisation, je crois en une seule, c'est la 'taqiya' et l'art de la dissimulation qui fait partie des modes de pratiques des fondamentalistes islamistes", a ajouté la tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes de juin. Jordan Bardella a de nouveau plaidé pour une "rétention de sûreté systématique pour les affaires liées au terrorisme", un dispositif permettant de placer en centre médico-judiciaire les prévenus ayant purgé leur peine, mais dont la dangerosité est jugée importante.

"Je ne veux pas qu'on dissimule le débat de l'islam radical"

Interrogé sur une rétention "à vie", le patron du RN a répondu : "Pourquoi pas". "À partir du moment où vous fomentez un attentat contre la France, que vous dormiez le reste de votre vie en prison, je trouve ça parfaitement sain et parfaitement normal", a-t-il fait valoir. Lors d'un entretien sur Sud Radio quelques heures plus tôt, Jordan Bardella avait par ailleurs dit ne pas croire "à l'efficacité des suivis psychiatriques" et estimé que le renforcement de l'injonction de soins évoqué par le gouvernement était un prétexte pour "ne pas débattre de l'islam radical" après l'attaque au couteau de samedi à Paris.

 

Il a justifié que le Rassemblement national n'ait pas voté en 2021 une loi prolongeant l'injonction de soins à la sortie de prison de trois ans à cinq ans - qui n'aurait de toute façon pas pu s'appliquer de manière rétroactive au terroriste de Paris - jugeant cela "inefficace". "Je ne veux pas qu'on dissimule le débat de l'islam radical derrière celui de l'instabilité psychiatrique", a-t-il insisté. Interpellé après l'attaque qui a fait un mort et deux blessés, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-iranien de 26 ans, était fiché pour radicalisation islamiste et soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré.

"Quand on porte un bilan comme ça, on s'en va" 

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé lundi qu'il y avait eu "manifestement un ratage" dans ce suivi "psychiatrique" car "les médecins ont considéré à plusieurs reprises qu'il allait mieux". Le parcours "médical, administratif et pénal" d'Armand Rajabpour-Miyandoab était "conforme (...) à l'état du droit", a souligné le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, posant la question du renforcement des textes existants. Jordan Bardella a de nouveau réclamé la démission de Gérald Darmanin. "On a un attentat islamiste tous les trois jours (...) Quand on a un bilan comme ça, on s'en va, on remet son tablier".