Evacuations, réponse internationale : ce qu'il faut retenir de l'allocution de Macron sur l'Afghanistan

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Afghanistan : "L'urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes", déclare Macron © AFP
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Emmanuel Macron a déclaré lundi que le "devoir et la dignité" de la France était de "protéger" les Afghans qui l'ont aidée et qui sont menacés par l'arrivée des talibans au pouvoir. Il a confirmé que "deux avions militaires et nos forces spéciales" arriveront "dans les prochaines heures" à l'aéroport de Kaboul. 

"Un tournant historique est à l'œuvre". Le président Emmanuel Macron a pris la parole ce lundi lors d'une allocution télévisée, afin d'évoquer la situation en Afghanistan. Le pays est tombé aux mains des talibans, après des semaines d'offensives. Depuis, les scènes de chaos se multiplient, notamment à l'aéroport de Kaboul où les Afghans tentent d'échapper au nouveau régime. "L'urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France", a assuré Emmanuel Macron. 

Evacuation des ressortissants

"C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident: interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres. Près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol Français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place, qui ont aidé l'armée française, pour lesquelles nous restons pleinement mobilisés", a ajouté Emmanuel Macron. 

Le chef de l'Etat a salué les représentants français, diplomates, policiers et militaires, engagés sur place dans la coordination des évacuations, anticipées depuis quelques semaines. "La France protège en ce moment le délégué de l'Union européenne et a apporté protection aux collaborateurs afghans de la représentation européenne", a-t-il précisé. "La France a également apporté aide et soutien à tous les professionnels français d'organisations non-gouvernementales souhaitant quitter le pays. De nombreux Afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants sont aujourd'hui menacés en raison de leurs engagements : nous les aiderons". 

Emmanuel Macron a confirmé que "deux avions militaires et nos forces spéciales" arriveront "dans les prochaines heures" à l'aéroport de Kaboul pour prendre en charge ces personnes et les ressortissants français encore présents dans la capitale afghane. Ils doivent ensuite transiter par la base aérienne française d'Al Dhafra, à Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Selon le président de la République, "la France est l'un des très rares pays à avoir décidé de maintenir sur place jusqu'au bout les moyens de protéger ceux qui ont travaillé pour elle". "Tous les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés ainsi que leur famille, ce qui représente plus de 600 personnes, ont ainsi pu être accueillis".

Hommage aux soldats, lutte contre le terrorisme 

Lors de cette allocution tournée depuis le fort de Brégançon, résidence estivale des présidents de la République située à Bormes-les-Mimosas (Var), le chef des Armées a défendu l'intervention française en Afghanistan (2001-2014). "En Afghanistan, notre combat était juste et c'est l'honneur de la France à s'y être engagé", a-t-il appuyé, en soulignant que "la France n'y a jamais eu qu'un ennemi: le terrorisme". Il a également rendu hommage aux 90 soldats français morts au cours de cette campagne. "Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts", a-t-il assuré. 

"Nos interventions militaires n'ont pas vocation à se substituer à la souveraineté des peuples ni à imposer la démocratie de l'extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité", a indiqué Emmanuel Macron, en faisant valoir que "partout, la mise en place de processus politiques crédibles est la priorité".

"L'Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu'il a été", a-t-il exhorté, en affirmant que l'action de la France "visera d'abord à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ces formes". "Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation", a mis en garde le président français, en appelant à "une réponse (internationale) responsable et unie", et "une action politique et diplomatique". "C'est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent ; à cet égard, nous ferons tout pour que la Russie, les Etats-Unis et l'Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont les mêmes", a-t-il ajouté.

Dans l'après-midi, le chef de l'Etat s'était entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, selon l'Elysée, afin de déterminer une position commune avec les principaux partenaires de Paris. 

Initiative européenne pour "anticiper" les flux migratoires

Concernant les déplacements de population importants attendus depuis la prise de pouvoir des talibans, Emmanuel Macron a dit lundi vouloir porter une initiative européenne visant à "anticiper" et "protéger contre des flux migratoires irréguliers importants" qui "nourrissent les trafics de toute nature". 

"Nous porterons donc, en lien avec la République fédérale d’Allemagne et d'autres Européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie", a poursuivi le président français, en appelant à "la solidarité dans l'effort, l'harmonisation des critères de protection et la mise en place de coopérations avec les pays de transit".

Solidarité avec les Afghans

"Il nous faut continuer de défendre nos principes, nos valeurs qui font ce que nous sommes", a affirmé Emmanuel Macron, à la fin de son allocution. "Les défis auxquels les Afghanes et les Afghans seront confrontés dans les prochaines semaines et les prochains mois sont terribles et immenses."

"Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité", a-t-il ajouté, s'adressant particulièrement aux femmes dont les libertés sont particulièrement menacées par le régime islamique imposé par les talibans. "Le destin de l’Afghanistan est entre ses mains mais nous resterons, fraternellement aux cotés des Afghanes (...) En disant très clairement à ceux qui optent pour la guerre, l’obscurantisme et la violence aveugle qu’ils font le choix de l'isolement et d'une misère sans fin", a prévenu le chef de l'Etat.