René Dosière 2:25
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Selon l'ancien député René Dosière, aujourd'hui président de l'Observatoire d'éthique publique et invité d'Europe 1, mercredi, la déclaration d'intérêts de l'ancien haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye "était substantiellement insuffisante" et a "été faite dans des conditions de légèreté et d'erreurs complètes".
INTERVIEW

Jean-Paul Delevoye, qui a démissionné de sa fonction de haut-commissaire aux retraites au sein du gouvernement, va-t-il être bientôt mis en cause par la justice ? Pour l'heure, il a été reproché au personnage-clé de la réforme des retraites depuis fin 2017 le cumul de 14 fonctions en parallèle de sa mission au sein du gouvernement. Invité d'Europe 1, mercredi, l'ancien député socialiste et aujourd'hui président de l'Observatoire d'éthique publique, René Dosière, préfère voir dans cette affaire le symbole d'un "problème" plus vaste "au niveau du fonctionnement du secrétariat général du gouvernement", le SGG.

Pour René Dosière, "la sanction intervenue, politique, est la plus adaptée" au cas de Jean-Paul Delevoye, remplacé mercredi par le député Laurent Pietraszewski au sein du gouvernement. Car l'ancien maire de Bapaume, dans le Pas-de-Calais, n'a pas "exactement" commis "un délit concernant une déclaration d'intérêts". Celle-ci, "substantiellement insuffisante", a pourtant "été faite dans des conditions de légèreté et d'erreurs complètes".

"Faiblesse considérable de nos services"

Des erreurs individuelles… pas vraiment corrigées par les institutions ? "La HATVP a pour responsabilité, dans ce cas de cumul, de vérifier s'il est possible, ou pas", poursuit René Dosière. "Le secrétariat général du gouvernement devait être au courant de cette situation et faire en sorte qu'il y soit mis fin."

" Si l'article du Monde est exact, et le SGG a commis une grave erreur "

C'est en tout cas ce qu'a révélé Le Monde, mardi : en octobre 2017, Jean-Paul Delevoye avait transmis une première déclaration d'intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), dans laquelle il mentionnait son emploi auprès du groupe d'enseignement IGS. À la suite de cette déclaration, des échanges avaient eu lieu entre le SGG et la HATVP, selon le quotidien.

Les services de Matignon pouvaient-ils donc ignorer cette situation ? "Non, absolument pas", répond René Dosière, catégorique. "Ou bien l'article du Monde est exact, et le SGG a commis une grave erreur et cette erreur mériterait d'être sanctionnée. Ou bien le SGG n'était pas au courant, et cela voudrait dire que dans notre pays, on nommerait des ministres sans s'informer de leur situation fiscale privée avant de les nommer, ce qui me parait invraisemblable. Si c'était vrai, ça témoignerait d'une faiblesse considérable de nos services."

Philippe "doit exercer ses responsabilités"

"Dans les deux cas, il y a, au niveau du fonctionnement du secrétariat général du gouvernement, un véritable problème qui mériterait d'être analysé plus profondément", poursuit René Dosière, selon qui Jean-Paul Delevoye "n'est peut-être pas le seul qui devrait être sanctionné" dans cette affaire qui tombe mal pour le gouvernement, en plein bras de fer sur la réforme des retraites.

Désormais, c'est vers Matignon que se tournent les regards. "Le SGG est le service central de Matignon, sous la direction du Premier ministre. Le Premier ministre doit exercer ses responsabilités sans les reporter sur les autres", estime René Dosière.