Affaire Benalla : la présidente de la commission d'enquête "a décidé d'étouffer l'affaire sous la consigne de l'Elysée"

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Romain David , modifié à
Pour le député insoumis Éric Coquerel, la majorité a décidé de bloquer les investigations de la commission d'enquête mise en place à l’Assemblée nationale sur l'affaire Benalla.
INTERVIEW

C'est un nouveau rebondissement dans le feuilleton des auditions à l'Assemblée nationale autour de l'affaire Benalla. L'ensemble des membres de l'opposition a claqué la porte de la commission d'enquête, dénonçant la mainmise des marcheurs sur les travaux de cette dernière. "Là où le Sénat s'est donné six mois pour enquêter, sans limite sur les personnes à auditionner, la présidente de la commission [de l'Assemblée nationale, ndlr], madame Yaël Braun-Pivet, a décidé d'étouffer cette affaire, de terminer aujourd'hui même et de ne pas auditionner des personnes essentielles", dénonce vendredi, au micro d'Europe 1, Éric Coquerel, député insoumis de Seine-Saint-Denis.

"Elle a décidé d'étouffer l'affaire sous la consigne de l'Elysée", assure-t-il. "Donc, on va arrêter. Quand on a une mascarade, une parodie, une volonté d'étouffer tout ça, à un moment on claque la porte", s'agace ce proche de Jean-Luc Mélenchon. Il est notamment reproché à Yaël Braun-Pivet d'avoir fait blocus à l'audition de certains membres de la présidence, comme Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée.

 

Une audition du président ? Jean-Luc Mélenchon avait de son côté appelé à ce qu'Emmanuel Macron puisse également être auditionné par les députés. "Qu'ils viennent me chercher", avait répondu le chef de l'Etat lors d'une prise de parole devant des élus de la majorité. Pourtant, la convocation du président de la République par l'Assemblée nationale n'est pas prévue par la loi fondamentale. "La Constitution ne l'oblige pas. S'il ne veut pas, il n'a pas à venir", reconnaît Éric Coquerel. "Par contre, nous pourrions très bien lui proposer, y compris en allant à l'Elysée. Ça vaudrait le coup d'essayer parce que lui nous dit : 'je suis le seul responsable'", rappelle-t-il.

Dans l'attente d'une explication officielle. "S'il est le seul responsable d'une affaire, qui montre qu'il y a des mensonges, qu'il y a des choses graves qui se passent dans une espèce de privatisation de l'Elysée, le seul moyen de le savoir serait de l'auditionner", poursuit l'élu, qui estime que les commentaires du président sur l'affaire, en marge d'un pot de fin de session avec sa majorité et lors d'un point presse en Espagne, ne sont "pas une façon de faire dans une démocratie normale".

À défaut d'entendre les explications du président de la République, les députés auront au moins celle de son Premier ministre, puisque la droite a déposé une mention de censure à l'encontre du gouvernement, estimant que celui-ci a failli en matière de protection du chef de l'Etat. Ce texte doit être débattu en hémicycle mardi, en présence du chef du gouvernement comme l'exige la Constitution.