Affaire Benalla : des tensions entre l'Élysée et le Sénat, mais "chacun a raison dans cette histoire", juge Olivier Duhamel

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Paul Lahcene, édité par Europe1.fr
Pour le constitutionnaliste Olivier Duhamel, grande voix d'Europe 1, l'Élysée et le Sénat, en bisbille depuis jeudi sur l'affaire Benalla, avancent tous deux des arguments audibles.
ANALYSE

La décision est vécue comme une déclaration de guerre par la majorité présidentielle. Jeudi, le Sénat a décidé de saisir la justice sur les cas d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase, mais également de trois hauts responsables de la présidence. Pour le constitutionnaliste Olivier Duhamel, grande voix d'Europe 1, les deux camps sont dans leur bon droit. "Chacun a raison dans cette histoire", juge-t-il sur notre antenne.

"Le gouvernement a raison d'invoquer la tradition de préservation de l'Élysée d'un contrôle parlementaire. Le président de la République n'est pas responsable devant les assemblées. Par extension, ses collaborateurs ne sont pas responsables devant des commissions d'enquête", soutient-il d'abord. Mais de son point de vue, le Sénat "a raison en disant : 'Nous voulons étendre notre pouvoir d'enquête. Aucune disposition constitutionnelle ne nous l'interdit expressément."

Une "confrontation politique"

Alexandre Benalla, son acolyte Vincent Crase et Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, sont suspectés de faux témoignage devant la commission d'enquête sénatoriale, un délit passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. Le bureau du la chambre haute a également décidé de transmettre au parquet les déclarations sous serment d'autres collaborateurs d'Emmanuel Macron, son bras droit, le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence. 

De son côté, le gouvernement a bondi. Fait rarissime, le Premier ministre Édouard Philippe a boycotté la traditionnelle séance des questions au gouvernement, jeudi après-midi au Sénat. Et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a dénoncé un acte "politiquement bas et moralement très grave", fustigeant "un tribunal politique".

"En droit, chacun peut soutenir son point de vue. En politique, c'est une confrontation", observe Olivier Duhamel. "Cela dit, elle durera ce qu'elle durera. Je peux vous annoncer sans trop de risques que dans les semaines qui viennent, cela s'apaisera."