Abaya, harcèlement, niveau scolaire... Les points clés du passage de Gabriel Attal à l'Éducation nationale

Abaya, harcèlement, niveau scolaire... Les points clés du passage de Gabriel Attal à l'Éducation nationale
Abaya, harcèlement, niveau scolaire... Les points clés du passage de Gabriel Attal à l'Éducation nationale © LUDOVIC MARIN / AFP
  • Copié
Romain Rouillard , modifié à
Tout juste nommé Premier ministre, Gabriel Attal, 34 ans, quitte le ministère de l'Éducation nationale. Son mandat fut bref, mais remarqué. Six mois au cours desquels l'ancien porte-parole du gouvernement a multiplié les annonces et gonflé sa cote de popularité.

Mais où prendra fin la fulgurante ascension de Gabriel Attal ? Le jeune ministre de 34 ans, devenu ce lundi le Premier d'entre eux, a fait tomber un titre honorifique, jusque-là détenu par Laurent Fabius : celui du plus jeune chef de gouvernement de l'histoire de la République. Une nomination à Matignon, qui intervient après des jours, voire des semaines d'incertitude au sommet de l'État, et qui vient donc consacrer l'étoile montante de la Macronie. D'abord secrétaire d'État, puis porte-parole du gouvernement et ministre des Comptes publics, Gabriel Attal avait déjà franchi un cap l'été dernier en obtenant le portefeuille de l'Éducation nationale.

Un ministère qu'il n'aura dirigé que six mois, mais au sein duquel son passage n'a pas laissé grand monde indifférent. Un mois seulement après sa nomination, le jeune ministre met d'emblée les pieds dans le plat en annonçant, le 27 août dernier, l'interdiction du port de l'abaya en milieu scolaire. Une longue robe traditionnel couvrant tout le corps, venue des pays du Golfe, que d'aucuns considèrent comme un signe religieux ostentatoire, incompatible avec le respect de la laïcité.

"Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d'identifier la religion des élèves en les regardant", avait alors défendu le jeune ministre, sur le plateau du 20H de TF1, bien décidé à refermer un dossier sensible qui traînait et devenait de plus en plus omniprésent dans certains établissements scolaires où le nombre de signalements se multipliait. Une mesure validée quelques jours plus tard, le 7 septembre, par le Conseil d'État.

Le harcèlement scolaire, l'une de ses priorités

Gonflé à bloc, le nouveau locataire de la rue de Grenelle se lance ensuite dans un deuxième chantier d'ampleur : celui du harcèlement scolaire. Un fléau ravivé par le suicide du jeune Nicolas, 15 ans, pris pour cible dans son lycée à Poissy dans les Yvelines, suivi par celui de Lucas, 13 ans, également harcelé dans les Vosges. Pour y faire face, le jeune ministre de l'Éducation a annoncé une batterie de mesures, dont ces fameux cours d'empathie qui doivent être expérimentés à compter de ce lundi 8 janvier dans 1.000 établissements.

Une idée venue du Danemark, mais dont la mise en œuvre précise n'a pas encore été dévoilée. Gabriel Attal a en revanche assuré qu'en cas de harcèlement avéré, c'est désormais l'élève fautif, et non la victime, qui devra quitter l'établissement. Deux mesures auxquelles s'ajoutent le bannissement des cyberharceleurs sur les réseaux sociaux, la confiscation de leur téléphone portable ou encore la création d'équipes académiques de lutte contre le harcèlement.

À travers un ajout dans le décret validant l'exclusion des élèves harceleurs et offrant la possibilité au ministère de prononcer lui-même le renvoi de l'élève, Gabriel Attal s'est d'ailleurs discrètement doté de la possibilité d'exclure les élèves radicalisés. Ce cas de figure concerne en effet les situations dans lesquelles l'élève porterait atteinte aux valeurs de la République.

Rehausser le niveau des élèves

En parallèle, Gabriel Attal planche sur un autre dossier : celui du niveau global des élèves au collège. Dans une interview accordée au Parisien le 13 novembre dernier, le ministre qualifie d'"inquiétants" les résultats des évaluations passées par les élèves de 4e en maths et en français. Un constat que la dernière enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) est rapidement venue corroborer. Si la France parvient tant bien que mal à se maintenir dans la moyenne des pays de l'OCDE, les résultats des jeunes français en mathématiques et en compréhension de l'écrit, entre autres, connaissent une dégringolade préoccupante.

De quoi pousser Gabriel Attal, décidément au four et au moulin, à adresser aux enseignants un courrier comportant une nouvelle série de mesures censées "remettre de l'exigence à l'école". Les professeurs pourront ainsi "recommander, voire prescrire" des stages de réussite pendant les vacances scolaires et des groupes de niveaux seront également créés en 6ᵉ et en 5ᵉ, pour les enseignements de maths et de français. Par ailleurs, Gabriel Attal évoque son intention de "revoir la question du tabou du redoublement".

Trois dossiers majeurs, des annonces tous azimuts, le tout en l'espace de quelques mois, qui l'auront permis d'afficher une cote de popularité plutôt flatteuse. Début décembre, selon un sondage Ipsos, il prenait tout simplement la première place du classement des politiques préférés des Français, avec 40% d'opinions favorables. Une action visiblement appréciée par Emmanuel Macron qui lui a donc confié la clé de ce nouveau gouvernement, imaginé pour relancer son quinquennat.