À Fréjus, Marine Le Pen se pose en "candidate du peuple"

Marine Le Pen 640
Marine Le Pen n'a cité ni le mot islam, pourtant présent en filigrane tout au long de son discours, ni le nom d'aucun de ses concurrents dans la course présidentielle. © Franck PENNANT / AFP
  • Copié
avec Reuters , modifié à
La présidente du FN, dans un discours fleuve à Fréjus, pour les "Estivales" du parti, a livré dimanche sa vision d'une "France libre", empreinte de références au passé.

A sept mois de l'échéance présidentielle, Marine Le Pen s'est posée, dimanche, en "candidate du peuple", garante d'une France "qui n'est pas à vendre" lors d'un grand meeting de mobilisation à Fréjus, la ville la plus importante gérée par sa formation. Quinze jours après le discours de Brachay, en Haute-Marne, où elle avait franchement attaqué ses adversaires politiques, la présidente du Front national s'est cette fois placée au-dessus de la mêlée en ne citant aucun des autres candidats à l'Elysée.

Un discours fleuve. "C'est en candidate du peuple que je me présente devant vous. Je veux vous parler de la France, et de rien d'autre", a-t-elle lancé aux 6.000 militants et cadres du parti réunis, selon les organisateurs, à Fréjus. Et Marine Le Pen n'a cité ni le mot islam, pourtant présent en filigrane tout au long de son discours, ni le nom d'aucun de ses concurrents dans la course présidentielle. "Ce moment marque le début de la mobilisation de cette campagne présidentielle, si décisive pour notre pays", a-t-elle déclaré en amorce d'un discours de près d'une heure. Mais elle est restée fidèle à sa stratégie, qui consiste à attendre la fin des primaires de la droite et de la gauche pour se lancer pleinement dans le combat électoral.

Une vision de la France mais pas de mesures précises. "La campagne présidentielle proprement dite ne pourra se dérouler que lorsque nous aurons connaissance de l'ensemble des candidats en lice", avait-elle précisé samedi devant la presse. A défaut d'engager le fer, la présidente du Front national s'est contentée à Fréjus de donner sa vision de la France, celle du passé et celle qu'elle envisage pour demain, sans détailler aucune mesure de son programme. "Il n'y aura plus de France sans identité. Et il n'y aura pas d'identité sans souveraineté", a-t-elle affirmé, dressant le portrait d'une démocratie soumise "à la tutelle de l'économie financière, des intérêts particuliers et de modèles étrangers".

Le "patriotisme économique". Une situation qui se mesure, selon elle, en "dizaines de milliers d'entreprises détruites" - comme Alstom, abandonné - "parce qu'on ne prend même plus la peine d'acheter ses produits. Parce qu'on laisse nos collectivités se fournir chez ses concurrents étrangers, sans rien vouloir protéger." L'Union européenne a été jugée responsable de la plupart des maux du pays et décrite comme l'obstacle au "patriotisme économique", à l'origine de l'immigration massive et du communautarisme. Marine Le Pen a également affirmé que la France n'était "pas à vendre" dans un monde marqué par le retour des Etats-nations.

Au-dessus de la mêlée. "La France libre, la France maîtresse de ses lois, de son économie, de sa monnaie et gardienne de ses frontières, voilà la condition de toute politique nationale", a-t-elle résumé au terme d'un discours sans grande envolée. Dans un contexte politique favorable au Front national, Marine Le Pen a voulu endosser les habits de celle qui se place au-dessus de la mêlée. Elle a laissé à ceux qui sont engagés dans des primaires délicates le soin d'évoquer la crise des migrants, qui ancre durablement le dossier de l'immigration dans la campagne présidentielle, un Brexit qui fragilise un peu plus une Europe divisée, une menace terroriste qui nourrit une anxiété croissante et ravive le sentiment d'insécurité. Des thèmes que le FN dénoncent depuis 2012 et que Marine Le Pen n'a pas jugé utile de rappeler aux cadres du parti.