Villepin quitte l'UMP ? "Peu étonnant"

© REUTERS
  • Copié
Caroline Vigoureux , modifié à
Les soutiens de l'ancien Premier ministre ne sont pas étonnés par son choix de quitter l'UMP.

C'est une simple question posée par un étudiant qui a amené Dominique de Villepin à se dévoiler. Mardi, lors d’un déplacement à Lyon, l'ancien Premier ministre est interrogé sur son choix de rester à l’UMP. Il livre alors une réponse sans langue de bois : oui, il va quitter le parti présidentiel. Relayée sur son compte Twitter et sa page Facebook, l'annonce de son départ de la majorité a finalement été confirmée mercredi par Brigitte Girardin, secrétaire général de République solidaire, le parti qu’il a fondé.

Une annonce qui fait donc l’effet d’une petite bombe alors qu’en juillet dernier, il avait fait le choix de renouveler son adhésion au parti présidentiel. Mais cette fois, Dominique Villepin veut clairement marquer son opposition à la politique de Nicolas Sarkozy et ne renouvellera pas son adhésion en 2011. "Comme gaulliste, je ne peux que regretter que l'UMP s'éloigne chaque jour davantage des valeurs du gaullisme. Comme gaulliste, je crois à des valeurs de justice sociale. Malheureusement, ces valeurs ne sont pas au rendez-vous", a expliqué mercredi le principal intéressé, lors de sa visite au salon de l’Agriculture.

"Une certaine cohérence"

Un vrai changement de stratégie donc, Dominique de Villepin optant cette fois pour l’isolement. Si ses anciens soutiens ont, eux, préféré la solidarité gouvernementale, à l’instar de Marie-Anne Montchamp, Hervé Mariton ou encore François Goulard, ils ne semblent pas vraiment surpris par le choix de l’ancien Premier ministre : "ce n’est pas étonnant. Je ne regrette pas sa décision mais ce n’est pas la mienne", tranche François Goulard, contacté par Europe1.fr. Il revendique pour autant le fait d’être toujours "villepiniste".

Hervé Mariton juge quant à lui que "son chemin a une certaine cohérence", même s’il aurait "préféré que Dominique de Villepin apporte sa qualité et ses valeurs à l’UMP". "Je regrette qu’il ne fasse pas valoir son talent, ses idées et sa force au sein du parti", concède à Europe1.fr le député UMP de la Drôme, qui assure pour sa part "être plus indépendant que jamais".

"La perspective de la présidentielle"

Cet éloignement de l’UMP marquerait-il un pas de plus vers une candidature en 2012 ? Pour François Goulard, la réponse est évidente : "cet événement est à relier à la perspective de la présidentielle", assure-t-il. "Il y a un espace ‘non UMP’ qui existe. Il y a un vrai électorat au centre", analyse encore le député UMP du Morbihan. Hervé Mariton, lui, botte en touche: "c’est à lui qu’il faut poser la question", balaye-t-il. Mais pour l’heure, le fondateur de République solidaire n’a rien dévoilé de ses intentions en vue de 2012. Il devrait mettre fin au suspense "au plus tôt" à l'automne 2011.

"Il y a encore quinze mois"

En quittant sa famille politique à un peu plus d’un an de la présidentielle, Dominique de Villepin se place comme un rival potentiel de Nicolas Sarkozy. Et du côté du gouvernement, on regrette cette stratégie : "je suis un peu triste de la position de Dominique de Villepin", a lancé mercredi François Baroin, lors du compte-rendu du Conseil des ministres. Et d’appeler le nouveau dissident à revenir dans les rangs de la majorité : "le chemin est long, il y a encore quinze mois. Il peut, ce que je pense, retrouver sa place dans un dispositif majoritaire pour favoriser la réélection de Nicolas Sarkozy".

Même appel du pied de Jean-François Copé : "je regrette profondément qu'il ait décidé de quitter notre famille politique, je respecte son choix mais je le regrette profondément", a-t-il réagi lors d’un point presse. Le secrétaire général de l’UMP insiste à son tour sur la perspective de 2012, pour laquelle il souhaite "avoir une famille rassemblée". En attendant, le patron du parti préfère tempérer les choses. A la question de savoir si République Solidaire était un "mouvement concurrent" de l'UMP, il répond: "N'exagérons rien".