"Sortir du gouvernement est une chose possible", prévient Baylet

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INTERVIEW E1 - Le président des radicaux de gauche n'a pas digéré sa défaite aux sénatoriales. Et il a rendez-vous mardi avec Hollande et Valls.

L'INFO."C’est un coup de tonnerre. Il y a beaucoup de peine, nous sommes tous très tristes". Un proche de Jean-Michel Baylet le reconnaît sans peine dans Valeurs actuelles : la défaite du patron du Parti radical de gauche aux sénatoriales a marqué les esprits. A tel point que François Hollande a décidé de recevoir son allié à l'Elysée, mardi. Manuel Valls en fera de même avec un partenaire qui se pose de plus en plus de questions sur l'intérêt de rester au gouvernement.

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Sortir du gouvernement, "c'est une possibilité". Depuis sa défaite, il y a huit jours, Jean-Michel Baylet n'avait pas parlé. Lundi matin, il s'est confié à Europe1.fr : "L'accord électoral n'a été respecté nulle part. Nous sommes très contrariés, et c'est ce que je vais expliquer à François Hollande et Manuel Valls." Et d'estimer que "les candidats radicaux ont été fusillés volontairement par des grands électeurs socialistes." De là à imaginer une sortie du gouvernement, il n'y a qu'un pas que l'ancien sénateur du Tarn-et-Garonne n'est pas loin de franchir : "c'est une chose possible, oui".

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L'option sera débattue mercredi lors du bureau national du PRG. Et Jean-Michel Baylet, lui-même, assure ne pas en connaitre l'issue. Deux écoles coexistent : "pour sortir du gouvernement, il faut des motifs politiques. S'il s'agit de mécontentements liés au scrutin des sénatoriales et au peu d'empressement des socialistes à soutenir les candidats PRG, alors cela doit se traiter au niveau des partis", estime ainsi Alain Tourret (photo), député radical du Calvados, contacté par Europe 1. "Si Baylet a été battu, c'est parce qu'il y a eu des problèmes au sein de notre Parti et non à cause des socialistes", tacle un autre élu dans Le Figaro.

"Nous n'avons pas du tout été consultés sur la politique familiale". Pour Alain Tourret et d'autres parlementaires, la déception liée à la défaite de leur tout-puissant patron n'est donc pas une raison suffisante pour aller au clash. Mais il en existe d'autres. "Nous n'avons pas du tout été consultés sur la politique familiale, et ce n'est pas une façon de traiter son allié. On est maltraité et cela aura une incidence", assure ainsi Alain Tourret, remonté. Jean-Michel Baylet évoque lui aussi "des désaccord sur les institutions." Et regrette notamment la position du gouvernement sur la réforme territoriale, sujet d'importance chez les radicaux : "le Premier ministre m'avait garanti de conserver les conseils généraux. Or il n'en restera qu'une quinzaine, donc on ne peut pas vraiment dire qu'il ait respecté ses engagements."

"Nous sommes des faire-valoir". Chez les radicaux, la colère couve donc. Et l'opportunité de rester jouer les utilités au gouvernement se pose donc chaque jour avec davantage d'acuité, alors que la rumeur a déjà bruissé en plein cœur de l'été. "Notre présence au gouvernement est très faible, avec des postes mineurs. Nous sommes des faire valoir. Est-ce utile ? Sur la symbolique, c'est important, mais dans la réalité, ça ne l'est pas", assène Alain Tourret.

"Donner un coup de poignard à son dernier allié…" Pour la majorité, une sortie du Parti radical de gauche - qui détient toujours trois postes ministériels avec Sylvia Pinel, Thierry Braillard et Annick Girardin - serait symboliquement difficile à avaler. Après le départ des deux ministres écologistes – Cécile Duflot et Pascal Canfin – lors du dernier remaniement, Manuel Valls ne gouvernerait donc plus qu'avec des socialistes. "Nous sommes leur dernier partenaire, donc c'est étrange d'être traité de la sorte. Le Parti socialiste seul au gouvernement serait un très mauvais signal. A mon sens, il le paiera cher dans l'opinion. Et il explosera lors des prochains scrutins", pronostique Alain Tourret.

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Jean-Michel Baylet cherche à comprendre le raisonnement du PS depuis une semaine. Pourquoi le lâcher en rase campagne ? "Je vous avoue ne pas comprendre l'attitude du PS. Donner un coup de poignard à son dernier allié…", glisse-t-il, circonspect. François Hollande et Manuel Valls vont devoir se montrer convaincants.