Retraites : la comédie du huis clos

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Twitter a cassé le huis clos imposé par le président de la commission des Affaires sociales.

Le débat sur la réforme des retraites en France a débuté mardi en commission des Affaires sociales à l'Assemblée sous un flot de critiques, à commencer par la forme.

Le huis clos

Le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie, avait décrété le huis clos sur la réforme des retraites afin de préserver le sérieux des débats et éviter une "théâtralisation des affrontements" gauche-droite. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, c'est en commission que les textes sont débattus et amendés avant d'être examinés en séance publique.

Les tweets des députés

Mardi matin, l'UMP Lionel Tardy, qui ne siège pas à la commission des Affaires sociales, a lancé les hostilités par un message demandant de "bannir le huis clos en commission", un procédé qu'il juge "antidémocratique". Il s’était déjà fait remarquer en cassant le huis clos lors de l’audition de Raymond Domenech devant la commission des affaires culturelles.

Les députés socialistes - Gaëtan Gorce et Sandrine Mazetier en tête - ont raconté par le menu les débats entre le ministre du Travail, Eric Woerth, et l'opposition en utilisant Twitter. Le groupe socialiste à l'Assemblée avait pourtant décidé de ne pas violer le huis clos en "twittant" pendant les réunions. Mais même le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, s'est affranchi de la règle collective, envoyant une série de messages en 140 caractères depuis la mi-journée.

SMS, appels et enregistrements

Le député socialiste Christian Paul a dénoncé "la comédie ridicule du huis clos évoquant les SMS, tweets et appels qui émanent de la salle de la commission". Le Monde a même réussi à se procurer des enregistrements des débats.

Encarts publicitaires dans les journaux

Le groupe PS s'est indigné que le gouvernement refuse la publicité des débats en commission tout en achetant des encarts publicitaires dans les journaux pour défendre une réforme qui n'est pour l'instant qu'à l'étape du projet.

Woerth "assez fort"

Le PS met également la pression sur le ministre du Travail, Eric Woerth, affaibli par l'affaire Bettencourt, en interpellant solennellement le président Nicolas Sarkozy "pour que soit ouverte dans les plus brefs délais une information judiciaire" confiée à un juge d'instruction. Réfutant à nouveau le conflit d'intérêts et excluant de démissionner, Eric Woerth s'est dit "assez fort" pour porter le texte en commission. "On peut venir me chercher sur les retraites comme sur le reste", a-t-il déclaré à son arrivée à l'Assemblée.

Les débats en commission des Affaires sociales doivent durer jusqu'à vendredi.