Prostitution : Taubira se démarque

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Fabienne Cosnay , modifié à
La ministre a affiché vendredi sa différence avec les propositions de Najat Vallaud-Belkacem.

La solidarité demandée par Jean-Marc Ayrault à ses ministres commence à s'étioler. Dernier exemple en date : la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui n'a pas hésité à prendre le contre-pied de sa collègue Najat Vallaud-Belkacem au sujet de la lutte contre la prostitution. Interrogée vendredi sur la volonté de la ministre des Droits des femmes d'"abolir" la prostitution, Christiane Taubira a rappelé que "la loi punissait déjà le proxénétisme".

Taubira prône des "politiques publiques"

Alors qu'on lui demandait s'il fallait aller plus loin, notamment en pénalisant les clients - comme l'avait préconisé Najat Vallaud-Belkacem dans une interview au JDD le 23 juin - Christiane Taubira a affiché clairement sa divergence avec sa collègue, faisant la distinction entre "politiques pénales" et "politiques publiques"."Les politiques pénales, c'est de faire des lois. Il y en a quelques-unes déjà", a souligné la ministre.

Actuellement, recourir à une personne prostituée n'est pas un délit. Depuis 2003, la loi punit le racolage passif, c'est-à-dire celui exercé par la personne prostituée sur la voie publique, de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende. Mais dans la pratique, ce texte est peu appliqué et ne prévoit rien contre les clients.

La question sera "arbitrée" par Ayrault

A la sanction, Christiane Taubira affiche sa préférence pour une meilleure prévention à travers des actions de politiques publiques. "Les politiques publiques, c'est de mettre en oeuvre l'intention du législateur. Et je crois qu'il faut que nous ayons les moyens vraiment de poursuivre les réseaux de proxénétisme, de les sanctionner, de les démanteler, que nous devons donner les moyens aussi aux femmes d'accéder à d'autres métiers", a détaillé la garde des Sceaux.

Rappelant que cette question serait "arbitrée" par le Premier ministre, Christiane Taubira semble avoir pour l'instant un point d'avance sur sa collègue. Selon le figaro.fr, Jean-Marc Ayrault a peu apprécié cette sortie de la porte-parole du gouvernement, intervenue "à un timing qui n'était pas le bon".

Cette liberté de ton prise par Najat Vallaud-Belkacem  ferait même craindre une "rama-yadisation" de la ministre. En référence aux déclarations fracassantes et prises de positions ultra-médiatisées de Rama Yade, la benjamine du gouvernement Fillon.