Municipales : un "coach" forme les candidats FN

C’est Marine Le Pen elle-même qui, en creux, l’a admis en septembre dernier dans les colonnes de Nice-Matin : le Front national a mal géré ses villes.
C’est Marine Le Pen elle-même qui, en creux, l’a admis en septembre dernier dans les colonnes de Nice-Matin : le Front national a mal géré ses villes. © MaxPPP
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Aurélie Herbemont avec , modifié à
EXCLU E1 - Le parti d'extrême droite assure s'être "professionnalisé". Les candidats ont en tout cas été formés.

Le contexte. C’est Marine Le Pen elle-même qui, en creux, l’a admis en septembre dernier dans les colonnes de Nice-Matin : le Front national a mal géré ses villes, quand il était au pouvoir dans quatre municipalités du Sud de la France, entre 1995 et 2001. Mais ça, c'était avant. "Nous sommes un parti qui s'est professionnalisé, qui a formé des candidats, nous sommes parfaitement au point aujourd'hui pour faire nos preuves", martèle désormais la patronne du FN.

>> Mais comment le FN "forme"-t-il ses candidats ? Reportage à Tarascon, auprès d'un "coach" pour candidats.

Opération "crédibilisation". Ils sont une vingtaine, des têtes de listes accompagnées de leurs potentiels adjoints venus du Gard et des Bouches-du-Rhône. Tous viennent suivre les cours de Bastien Doutrelant, "coach" en finances locales envoyé par la direction du parti. Et son rôle n'est pas tant d'assurer une future bonne gestion des communes que de préparer la route de Marine Le Pen à la présidence de la République. "Soit Marine Le Pen sera légitimée parce que vous avez bien géré les villes, soit elle sera délégitimée parce que vous les aurez mal gérée. Vous êtes les moyens de la crédibilisation du parti, en vue des élections présidentielles", avance le "coach".

Cours de gestion. Budget primitif, comptes administratifs, différence entre investissements et dépenses de fonctionnement… Pendant plus de trois heures, le "coach" enseigne aux candidats les premières bases de la gestion. "Contrairement au fonctionnement, l'investissement est amorti. L'essence, par exemple, c'est du fonctionnement mais la voiture est un investissement", explique Bastien Doutrelant. Les candidats prennent des notes mais beaucoup l'admettent : les tableaux de chiffres ne sont pas leur fort. "Ce n'est pas la partie la plus sympa du boulot, c'est chiant. Mais bon, il faut s'y mettre", souffle au micro d'Europe1 Julien Sanchez, qui se verrait bien prendre les rênes de la mairie de Beaucaire.

À temps en plein en cas d'élection. "Pour moi, ouvrir un compte administratif, c'était complètement rébarbatif. Cette formation m'a quand même éclairée et je pense que je pourrais y arriver, tout comme les autres", renchérit Valérie Laupies, espoir du parti à Tarascon. Le FN n'a pas non plus prévu de les laisser se retrouver seul : s'ils sont élus, le coach en finances sera à leur disposition à temps plein, pour leur éviter d'éventuels faux pas qui viendraient freiner la route ... de Marine Le Pen.

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