Les raisons du voyage de Hollande en Tunisie

© MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
ZOOM - Le président français est en visite jeudi et vendredi pour délivrer un "message d'encouragement" au processus démocratique.

L'INFO. Après l'Algérie en décembre et le Maroc en avril, la Tunisie est le troisième pays du Maghreb à recevoir la visite de François Hollande. Arrivé à la mi-journée jeudi pour une visite de deux jours, le chef de l'Etat français y rencontrera le président Moncef Marzouki et le chef du gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahda, Ali Larayedh. Les événements en Egypte s'inviteront inéluctablement à ce voyage.

Un "message d'encouragement". C'est un point sur lequel insiste l'Elysée : François Hollande adressera durant ces deux jours un message à l'ensemble des forces politiques du pays. Le président de la République évitera de froisser quelque parti en se gardant bien d'évoquer la moindre échéance pour les travaux de l'Assemblée nationale constituante. Ces derniers piétinent depuis qu'ils ont commencé il y a plus d'un an et demi, peu de temps après la révolution qui avait chassé l'ex-président tunisien Ben Ali, début 2011.

Et la question des Droits de l'Homme ? Parmi les gestes symboliques de ce voyage, François Hollande saluera la mémoire du syndicaliste tunisien assassiné en 1952 Farhat Hached dans des conditions mystérieuses, à propos duquel la France a décidé d'ouvrir ses archives. Abordera-t-il en revanche le cas du rappeur Weld El 15, condamné à deux ans de prison pour une chanson sur la police, ou celui de trois militantes, dont deux Françaises, du mouvement Femen pour avoir manifesté seins nus ? "Il ne s'agit pas de rester silencieux sur un certain nombre de réalités mais de montrer que le processus peut réussir et est en train de réussir", tempère-t-on à Paris.

Les tensions régionales sur la table. Le chef de l'Etat devraient également s'entretenir avec les dirigeants tunisiens à propos des vives tensions régionales. Ils devraient ainsi échanger leurs "analyses" sur des questions comme l'infiltration de groupuscules islamistes radicaux libyens en Tunisie ou l'enrôlement de jeunes Tunisiens dans les rangs des jihadistes du Front Al-Nosra en Syrie. L'évolution de la situation en Egypte où le pouvoir du président Mohamed Morsi vacille sera elle aussi en toile de fond de ce déplacement.

Les affaires aussi. Les questions économiques ne seront pas éludées. Une vingtaine d'accords et de conventions, notamment de coopération, devraient ainsi être signés, comme en matière de transport ferroviaire dans la région de Tunis ou de formation professionnelle des cadres de l'administration tunisienne. François Hollande devrait également annoncer que la France, premier contributeur d'aides publiques à la Tunisie, maintiendra en 2014 son aide à son niveau actuel, soit près de 500 millions d'euros. Selon Paris, la question de la conversion d'une partie de la dette tunisienne à l'égard de la France - environ un milliard d'euros - sera aussi abordée. Elle pourrait servir à financer des investissements.

Des dirigeants d'entreprise. La volumineuse délégation française comptera également une quarantaine de dirigeants d'entreprise. Parmi eux, René-Marc Chikli, président des tours-opérateurs du Ceto. "Ce qui est important pour nous, c'est d'appeler le marché français à revenir sur la Tunisie. Nous sommes actuellement en baisse de 30% alors que les marchés anglais, allemand et russe sont, eux, en hausse", souligne cet acteur important du tourisme français, interrogé par Europe 1.

Un président largement entouré. François Hollande sera très entouré pour ce voyage de deux jours. Le maire de Paris Bertrand Delanoë, natif de Tunisie, Jack Lang, président de l'Institut du Monde arabe, Jean-Luc Martinez, directeur du Louvre, le cinéaste Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 à Cannes, seront du voyage tout comme le boulanger de l'Élysée, Ridha Khadher, "baguette d'or 2013", d'origine tunisienne. Valérie Trierweiler, la compagne du chef de l'Etat sera elle aussi présente, à l'inverse de Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'était attiré les foudres d'Ennahda pour avoir mis en garde contre la montée d'un "fascisme islamique" au lendemain de l'assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, tué par balles le 6 février à Tunis. A Paris, on invoque des raisons de calendrier.

>> Lire aussi : Un opposant tunisien tué