Le tract qui électrise Hénin-Beaumont

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Un faux tract du Front de gauche est distribué dans la ville. Deux plaintes ont été déposées.

Vives tensions à Hénin-Beaumont. La diffusion d'un tract anonyme dans les boîtes aux lettres de la 11e circonscription du Pas-de-Calais a déclenché un conflit entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, tous les deux candidats aux législatives. Deux plaintes ont été déposées. Une du Front de gauche pour des faits d'infraction au Code électoral et une du Front national, pour séquestration.

A l'origine de ces plaintes ? Un faux tract du "Front de gauche" sur lequel on voit Jean-Luc Mélenchon, sur un fond vert et blanc, rappelant les couleurs de l'islam. Ce faux matériel de campagne reprend une phrase tirée du discours lors d'un meeting à Marseille le 14 avril : "Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb." Un "Votons Mélenchon !" - également traduit en arabe - est inscrit juste en dessous.

Des "crétins" proches du FN

Officiellement, le FN n'en est pas l'auteur. Aucune association, ni même aucun imprimeur ne revendiquent non plus la paternité de ce tract. Mais pour le candidat du Front de gauche à Hénin-Beaumont, il ne fait aucun doute que le Front national se cache derrière. Jean-Luc Mélenchon a estimé mardi soir lors d'un meeting de soutien à deux candidats dans l'Essonne, que le tract anonyme avait été distribué par des "crétins" proches du FN.

Mercredi, le leader du Front de gauche a ajouté qu'il s'agissait d'"un faux tract réalisé par l'extrême droite" destiné à "exciter les gens les uns contre les autres". "Cela s'appelle de la fausse propagande. Cela peut coûter l'inéligibilité à Madame Le Pen dans tous ses mandats", précise le candidat du Front de gauche sur BFMTV. Ce dernier a également confirmé qu'une plainte contre X avait été déposée mardi par Hervé Poly, son suppléant, pour des faits d'infraction au Code électoral.

"Cela s'appelle de la fausse propagande" :

Bourdin 2012 : Jean-Luc Mélenchonpar BFMTV

"Cela constitue une infraction au code électoral", détaille la plainte dont l'agence Reuters s'est procuré une copie. "Normalement, sur tous les tracts doivent apparaître l'imprimeur, le nom du mandataire financier. Le candidat doit valider tout tract. Rien de tout cela n'apparaît sur le document en question", précise cette plainte.

Le Front national, s'est de son côté, félicité de la diffusion de ce tract, qualifié de "document vérité". "Il est piquant de constater que le PCF a déposé une plainte contre les propos de Jean Luc Mélenchon", s'étonnait mardi dans un communiqué Steeve Briois, suppléant de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. "Il n'y a aucune infraction", a renchéri mercredi Bruno Bilde, directeur de campagne de la présidente du FN. "La vérité, c'est qu'ils sont gênés qu'on leur rappelle les propos de Jean Luc Mélenchon", a-t-il dit.

Le "soutien" de Marine Le Pen

Marine Le Pen en personne "soutient pleinement" la diffusion de ce tract par des proches du Front national. "Marine Le Pen a tout loisir d'inclure cette opération de communication qu'elle soutient pleinement dans son compte de campagne", indique l'équipe de campagne de la candidate FN.

"Il est piquant de constater que le PCF a déposé une plainte contre les propos de Jean Luc Mélenchon", s'étonnait mardi dans un communiqué Steeve Briois, suppléant de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. "Il n'y a aucune infraction", a renchéri mercredi Bruno Bilde, directeur de campagne de la présidente du FN. "La vérité, c'est qu'ils sont gênés qu'on leur rappelle les propos de Jean Luc Mélenchon", a-t-il dit.

Une affaire dans l'affaire

Sur le terrain, la tension est montée d'un cran. "Les communistes ont réussi à coincer trois salopards, qui distribuaient anonymement, les crétins, en plein jour, un tract avec ma photo", a indiqué Jean-Luc Mélenchon mardi. Selon des informations d'Europe 1, les partisans du tribun de gauche ont en effet séquestré leurs adversaires à l'intérieur de leur camion. Le FN a donc décidé à son tour de porter plainte pour séquestration.

Le parti frontiste a déjà été impliqué dans des affaires faux tracts de campagne. En 1988, rappelle Le Monde, un tract distribué à l'université de Malakoff représentait François Mitterrand en djellaba souhaitant une "bonne et heureuse année" en arabe.