L'affaire Bygmalion, cette patate chaude

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Fabienne Cosnay , modifié à
QUI DIT QUOI ? Qui savait quoi parmi la garde rapprochée de Sarkozy ? L'heure est à la confrontation de leurs déclarations.

Ils sont passés de l'ombre à la lumière en quelques jours. Jérôme Lavrilleux, Guillaume Lambert, Dominique Dord, Philippe Briand, Eric Cesari. Des noms jusqu'ici inconnus du grand public qui se retrouvent aujourd'hui sous le feu des projecteurs depuis que l'affaire Copé-Bygmalion s'est déplacée vers les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

>>> Qui savait quoi parmi la garde rapprochée de l'ancien chef d'Etat ? Qui charge qui ? Plongée dans une affaire complexe où chacun tente de tirer son épingle du jeu.

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Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Sarkozy

Lors d'une interview-confession, lundi soir, Jérôme Lavrilleux a lâché potentiellement une petite bombe : des fausses factures destinées à masquer les dépenses de campagne hors budget de Nicolas Sarkozy ont été financées par l'UMP à hauteur de 11 millions d'euros. Jérôme Lavrilleux a déjà laissé entendre qu'il n'était pas le seul à ignorer ces manœuvres frauduleuses. "Il y a eu l'engrenage irrésistible d'un train filant à toute vitesse. Ceux qui devaient tirer la sonnette d'alarme ne l'ont pas fait. J'en fais partie mais je n'étais pas seul dans le wagon", a-t-il affirmé.

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Guillaume Lambert, directeur de la campagne de Sarkozy

Le préfet de Lozère fuit les médias depuis les aveux télévisés de Jérôme Lavrilleux. Il faut dire que l'ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy est en première ligne depuis ces révélations puisqu'il était le supérieur hiérarchique de Jérôme Lavrilleux pendant la campagne présidentielle. Ce que ce dernier n'a pas manqué de faire remarquer pendant son interview sur BFM-TV : Une tacle directe en direction de Guillaume Lambert, qui dirigeait la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. "Je prends ma part de responsabilité. Je n'étais pas le directeur de campagne et je ne me défausse sur personne … moi", a tancé Jérôme Lavrilleux

Guillaume Lambert, lui, n'a rien à dire. L'ancien chef de cabinet de l'Elysée a d'abord laissé parler son avocat. Guillaume Lambert est "totalement étranger aux dispositions mises en place entre Bygmalion et l'UMP", a affirmé mardi Me Christophe Ingrain, précisant que son client avait appris "avec stupéfaction" ces "allégations"."Je n’ai rien à déclarer. Je n’étais pas le trésorier de la campagne. Ma position professionnelle ne me permet pas de faire d’autres commentaires", a indiqué l'intéressé, interrogé par l'Opinion. Pas sûr que "le trésorier de la campagne" Phillippe Briand goûte la pique envoyée par Guillaume Lambert.

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Phillippe Briand, trésorier de la campagne de Sarkozy

En première ligne face aux accusations de Jérôme Lavrilleux, le trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 conteste tout dépassement de budget. Selon le maire UMP de Saint-Cyr-sur-Loire, il n'a jamais été question pour le directeur de campagne (NDLR : Guillaume Lambert qui ordonnait les dépenses, a souligné l'ancien trésorier) d'un dépassement du budget du président-candidat qui s'est élevé très exactement à 21.459.000 euros. "De même, il n'a jamais été demandé d'imputer des dépenses sur le compte de l'UMP", a assuré Philippe Briand, contrairement à ce qu'affirme Jérôme Lavrilleux.

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Dominique Dord, ancien trésorier de l'UMP

L'ancien trésorier de l'UMP Dominique Dord a été entendu par la police judiciaire mardi, comme témoin dans l'affaire Bygmalion. "Les policiers voulaient savoir comment se passait à l'UMP la chaîne qui conduisait jusqu'à la signature d'un chèque quand on recevait une facture", a-t-il indiqué mercredi matin sur Europe 1. Le député-maire d'Aix-Les-Bains a expliqué que chaque signature de chèque nécessitait la validation de quatre cadres supérieurs du parti, dont le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, et le directeur général de l'UMP, Eric Césari. "Je n'ai rien fait dans le dos de Jean-François Copé : j'ai quand même plutôt le sentiment que c'est moi dont la confiance a été abusée par au moins une des 4 personnes, laquelle je n'en sais rien, l'enquête j'espère, le déterminera", a indiqué l'ancien trésorier de l'UMP.  

Avant de mettre en doute les paroles de Jérôme Lavrilleux. "J'ai quelques raisons d'être réservé par rapport à ce que peut dire Jérôme Lavrilleux compte tenu des aveux qu'il vient de faire. A partir du moment où on peut avoir monté une affaire comme ça, on peut penser qu'il y a d'autres choses qui ne sont pas forcément si limpides que ça dans ses aveux, a estimé Dominique Dord.

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Eric Cesari, directeur général des services de l'UMP

Eric Césari est un très proche de l'ancien président. Nicolas Sarkozy l'a nommé à la direction générale de l'UMP en 2008. Depuis, il se montre d'une fidélité sans faille à l'égard de l'ancien chef de l'Etat. Comme le raconte Le Figaro, cet ancien collaborateur de Charles Pasqua a eu une explication franche avec le désormais ex-président de l'UMP Jean-François Copé, à qui il a rappelé qu'il n'avait jamais eu la signature bancaire du parti, contrairement à ce qu'avait laissé entendre le député-maire de Meaux.

Pourtant, invité d'Europe 1 mercredi matin, l'ancien trésorier de l'UMP Dominique Dord a assuré que chaque signature de chèque nécessitait la validation de quatre cadres supérieurs de l'UMP : le directeur du service qui est compétent (la communication pour la campagne présidentielle de 2012), la direction financière, le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, et … le directeur général de l'UMP, Eric Césari.

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