Karachi: le PS demande "la levée du secret"

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avec Camille Langlade et agences , modifié à
La gauche souligne "la fébrilité de la majorité face à une affaire qu'elle cherche à dissimuler".

"Nous voulons, comme nous le demandions pour d'autres affaires telles que l'affaire Woerth, de la transparence". Martine Aubry, a réclamé mercredi la levée du secret défense sur des documents dans le dossier sur l'attentat de Karachi. La première secrétaire du PS s’exprimait alors que les soupçons se renforcent sur l'existence de rétrocommissions pour financer la campagne Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.

"Nous demandons la transparence"

"Nous demandons que tous les acteurs de cette affaire puissent s'exprimer, que toutes les pièces qui ont été recueillies par la mission d'information à l'Assemblée nationale soient remises à la justice et que le secret défense soit levé sur l'ensemble des documents détenus par l'Etat", a insisté Martine Aubry.

"Après avoir qualifié cette affaire de "fable", Nicolas Sarkozy ne peut plus se dérober et doit apporter toutes les explications utiles quant au rôle qu'il a pu jouer dans cette affaire", renchérissent, dans un communiqué, les députés PS Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, rapporteur de la mission d'information sur l'attentat.

"Si Charles Millon s'est exprimé ainsi devant le juge, c'est qu'il sait des choses. Et il ne les sait pas parce qu'il a entendu des bruits de couloir, mais il a été ministre de la Défense. Les services spéciaux lui ont donné ces informations. Donc maintenant il faut aller plus loin", a déclare Jean-Marc Ayrault sur Europe 1. "Je souhaite que le bureau de l'Assemblée nationale se réunisse d'urgence pour lever la confidentialité sur les auditions de toutes les personnes qui ont été entendues", a-t-il ajouté.

"C'est une affaire extrêmement grave" :

Vincent Peillon s’est dit jeudi sur Europe 1 "sceptique sur la lumière" qui pourrait être faite sur cette affaire, évoquant la "tradition française du secret-défense".

Villepin et Chirac doivent communiquer

Selon Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, "l'ancien Président Chirac et son ancien secrétaire général Dominique de Villepin, qui ont mis fin à un dispositif qu'ils avaient eux-mêmes considéré comme illégal, doivent également communiquer à la justice les éléments dont ils disposent", ont-ils insisté soulignant "la fébrilité de la majorité face à une affaire dont elle cherche par tous les moyens à dissimuler la gravité".

Mercredi matin, l'ancien ministre de la Défense Charles Millon a confirmé devant le juge Renaud Van Ruymbeke l'existence de rétrocommissions versées jusqu'en 1995 en marge d'un contrat de vente au Pakistan de sous-marins français.

Dans le cadre de cette affaire, la justice cherche à savoir si ces éventuelles rétrocommissions sont liées au financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur, dont le porte-parole était à l’époque Nicolas Sarkozy.

Renaud Donnedieu de Vabres nie

Selon cette hypothèse, l'attentat de Karachi de 2002 -qui avait coûté la vie à 14 personnes dont 11 Français salariés de la construction navale- pourrait être lié à l'arrêt par Jacques Chirac du versement de commissions promises au Pakistan par le gouvernement Balladur.

La droite nie une telle version des faits. "Il n'y a pour moi aucun lien entre la négociation de ce contrat et le financement de la campagne d’Edouard Balladur", a ainsi assuré, le 10 novembre devant un juge, Renaud Donnedieu de Vabres, qui fût l'ancien chargé de mission auprès du ministre de la Défense François Léotard.

"La justice fait son travail" assure Mercier

Le nouveau Garde des Sceaux a affirmé jeudi que la justice faisait "son travail" dans l'affaire de Karachi et a pris la défense du président du Conseil constitutionnel, Jean-Luis Debré. "Sur le Conseil constitutionnel, c'est tout simple, c'est l'application stricte de la loi", a ajouté le ministre, interrogé sur la décision de Jean-Louis Debré d'opposer le secret du délibéré à la justice, qui réclame dans l'affaire Karachi les échanges entre les Sages ayant validé les comptes de campagne d'Edouard Balladur.