Jean-Pierre Jouyet met Hollande en difficulté

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Alexandre Kara et Louis Hausalter , modifié à
COULISSES - Le revirement du secrétaire général de l'Elysée à propos de son déjeuner avec François Fillon met à mal sa place centrale dans le dispositif Hollande.

Combien de temps Jean-Pierre Jouyet pourra-t-il tenir ? En quelques heures, le secrétaire général de l'Elysée est devenu l'homme à abattre. Il faut dire qu'il s'est piégé tout seul. Jeudi, il démentait la teneur de sa conversation avec François Fillon lors d'un déjeuner en juin, telle qu'elle a été rapportée par deux journalistes du Monde. Selon eux, l'ancien Premier ministre a demandé à Jean-Pierre Jouyet d'accélérer les procédures judiciaires à l'encontre de Nicolas Sarkozy.

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Pris en flagrant délit de mensonge. Mais coup de théâtre dimanche : Jean-Pierre Jouyet a finalement reconnu avoir bien parlé du cas de Nicolas Sarkozy avec François Fillon. Le numéro deux de l'Elysée pris en flagrant délit de mensonge, voilà qui fait désordre au plus haut sommet de l'Etat. D'autant qu'il aura fallu que les journalistes du Monde à l'origine de l'affaire menacent de diffuser l'enregistrement de leur entretien avec Jean-Pierre Jouyet pour que celui-ci reconnaisse la vérité.

Pour l'Elysée, Jouyet n'a commis aucune faute. A l'Elysée, pour l'heure, on se "bunkerise" dans l'espoir de sauver celui qui est une pièce maîtresse du dispositif de François Hollande, mais aussi l'un des meilleurs amis du président. Officiellement, on affirme que Jean-Pierre Jouyet n'a commis aucune faute et que la démission du secrétaire général n'a pas été évoquée un seul instant.

La présidence affirme aussi qu'aucune intervention auprès de la justice n'a eu lieu depuis mai 2012. Une position confortée par le parquet de Paris, qui a déclaré dimanche avoir lancé l'enquête sur le paiement par l'UMP de pénalités imposées à Nicolas Sarkozy pour le dépassement des dépenses de campagne autorisées "au vu des seuls éléments portés à sa connaissance par les commissaires aux comptes de l'UMP". Manière de confirmer les propos de Jean-Pierre Jouyet, qui a réfuté toute intervention de l'Elysée dans la procédure judiciaire.

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L'homme clé de l'Elysée. Mais la position de l'Elysée sera-t-elle longtemps tenable ? Car, maladresse ou manipulation, une chose est certaine : la responsabilité de l'homme clé de l'Elysée est bel et bien engagée. Certains à droite, comme Bruno Le Maire, réclament sa tête. Et une partie de la majorité ne verrait pas d'un mauvais œil sa chute. On peut donc penser que les jours du secrétaire général de l'Elysée sont comptés.

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