Hollande plutôt chasseurs ou sangliers?

L'exécutif a lancé vendredi la grande Conférence environnemental. Parmi les sujets sur la table : celui de la chasse et de la biodiversité.
L'exécutif a lancé vendredi la grande Conférence environnemental. Parmi les sujets sur la table : celui de la chasse et de la biodiversité. © Montage Europe1.fr avec MaxPPP et Reuters
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La chasse et la biodiversité sont évoqués lors de la Conférence environnementale.

Alors que la chasse s'ouvre partout en France – entre le 23 août et le 30 septembre -, l'exécutif a lancé vendredi la grande Conférence environnementale. Jusqu'à samedi, ministres, associations, partis, ONG, entreprises et syndicats se rencontrent pour évoquer tous les sujets d'écologie sans "tabou", selon la ministre Delphine Batho.

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Parmi les sujets sur la table : celui de la chasse et de la biodiversité. Les associations de protection des animaux sont sur les dents, depuis les nouvelles libertés accordées aux chasseurs sous la majorité précédente.

En février dernier par exemple, le Parlement reconnaissait la chasse comme "instrument efficace  de gestion de biodiversité". Les chasseurs sont désormais seuls à fixer les prélèvements maximum pour chaque espèce, au grand dam des associations. "Imaginerait-on que les limitations de vitesse soient définies par les seuls automobilistes ?", s'était inquiété à l'époque un collectif de défense de la nature. En cause également : la fin d'un moratoire sur la chasse de deux oiseaux protégés et la prolongation de la chasse à l'oie.

>> De quel côté se range François Hollande ? Éléments de réponse.

HOLLANDE "L'ANTI CHASSE"

Marie-Hélène Aubert, madame écologie de la campagne de François Hollande.

Favorable au moratoire. Le président de la République n'est pas forcément apprécié des chasseurs. Durant la campagne, celui qui n'était encore que le candidat socialiste à la fonction suprême s'était opposé à la fin du moratoire sur la chasse aux deux oiseaux protégés et à l'oie.

Les animaux, "des individus". François Hollande avait milité pour une qualification des animaux dans le code civile comme "individus" et "êtres sensibles" et assurait vouloir réfléchir à un nouveau statut juridique  protégeant les animaux.

Les chasseurs doivent "partager la nature". "Par ailleurs, à l’heure où nos concitoyens sont en demande de plus d’espaces naturels, il nous paraît important de répartir équitablement les usages de la nature. Si les chasseurs sont un acteur de l’espace naturel, il va de soi qu’ils doivent partager celui-ci avec d’autres, en particulier les naturalistes et les pratiquants de sports de pleine nature", avait, enfin, écrit dans une lettre de mars 2012 Marie-Hélène Aubert, la responsable du pôle environnement de la campagne du socialiste et actuelle organisatrice de la Conférence.

"La surenchère antichasse de la gauche rappelle les années sombres du gouvernement Jospin–Voynet ! François Hollande soutient la LPO en demandant des sanctions plus sévères contre les chasseurs ou une mise 'hors chasse' d'une grande partie de la nature", s'était aussitôt énervé le parti Chasse pêche nature et tradition.

LE FRANÇOIS HOLLANDE QUI "PROMET TROP AUX CHASSEURS"

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Il ne voit "que des côtés positifs à la chasse". Le président de la République n'est pas pour autant en terrain conquis chez les défenseurs des animaux. "François Hollande promet beaucoup aux chasseurs. Il ne voit que des côtés positifs dans l'acte de chasse et souhaite que les organisations de la chasse et de la pêche soient présentes dans toutes les instances de concertation et de décision", s'insurge ainsi le site politique-animaux.fr.

"Activité démocratique et populaire". En effet, le candidat socialiste avait, pendant la campagne, définit la chasse comme "une activité démocratique et populaire qui garantit un vrai brassage social et favorise au quotidien la préservation de la biodiversité, en maintenant des espaces ouverts et diversifiés".

"Les chasseurs connaissent les atouts de nos espaces ruraux et contribuent à la gestion des ressources naturelles, pour faire de la ruralité un espace de qualité", avait-il déclaré en février devant la Fédération nationale des chasseurs.

HOLLANDE, L'HOMME DU DIALOGUE

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© CAPTURE D'ECRAN

La concertation (là aussi…) mise à l'honneur. Comme dans de nombreux sujets – emploi, compétitivité, éducation… - le président de la République préfère le dialogue à la décision unanime.

"François Hollande souhaite rétablir le dialogue entre les associations de l’environnement, les naturalistes, les pratiquants de sports de pleine nature, les élus, les pouvoirs publics, les chasseurs et les citoyens afin de définir une politique de la chasse renouvelée, satisfaisant chaque partie prenante", avait écrit Marie-Hélène Aubert durant la campagne. "Nous croyons en la sagesse des uns et des autres et souhaitons redonner confiance afin de trouver ensemble des solutions équilibrées et acceptables par tous", avait conclu la conseillère en écologie de François Hollande.

L'exemple de la chasse à courre. Un parfait exemple de cette volonté de conciliation : celui de la chasse à courre. Le 22 juillet 2011, une association corrézienne lui avait écrit, en tant que président du Département, pour lui demander une interdiction de la pratique. "Cette pratique interpelle. Elle pose la question de la brutalité de la chasse. […] Il demeure que la chasse reste un moyen de maitrise des populations sauvages. Reste donc à définir dans quelle mesure la chasse à courre participe de cet équilibre écologique dans le respect des chasseurs, des animaux et des autres usagers de la nature", avait-il répondu dans une lettre, réussissant un parfait grand écart.