Écoutes de Sarkozy : l'UMP entre silence gêné et riposte

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avec Alexandre Kara et AFP , modifié à
REACTIONS - Après les nouvelles révélations sur les écoutes de l’ex-président, l’UMP s’en prend à Mediapart. En évitant le fond.

A l’UMP, les nouvelles révélations de Mediapart ont sonné comme un coup de tonnerre. Le site d’information a dévoilé mardi soir des extraits de synthèse des écoutes de l’ancien président, confirmant semble-t-il notamment des contacts avec un haut magistrat de la Cour de Cassation en vue d’influencer les décisions de la juridiction suprême. Des révélations un brin accablantes, qui ont un temps laissée sans voix la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy, mais aussi l’UMP. Puis l’heure de la riposte a sonné. Et c’est Mediapart qui est désormais visé par l’ancienne majorité.

Georges Fenech "On est en dehors du principe de...par Europe1fr

"Cette fois, c’est la catastrophe". Mais le premier sentiment qui a dominé, c’est bien l’abattement. "Cette fois, c’est la catastrophe", admet un haut responsable de l’UMP auprès d'Europe 1, sous couvert d’anonymat. "Ça va être beaucoup plus difficile de faire porter le chapeau au gouvernement."   A l’issue des premières révélations de la semaine passée, l’affaire Sarkozy était devenue l’affaire Taubira au gré des attaques de la droite et des justifications en plusieurs temps de la ministre de la Justice. Cette fois donc, cela s’annonce plus compliqué.

Rachida Dati

Mediapart, le bourreau. Au sein de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy, le silence est pesant. L’un de ses proches n’hésite tout de même pas à mettre en cause Mediapart, le site qui selon lui fait de la violation du secret de l’instruction son quotidien, alors que pour le même motif, un citoyen lambda serait condamné. Une ligne de défense en vogue à l’UMP. L'ex-garde des Sceaux, Rachida Dati, a ainsi estimé sur iTélé qu'il n'y avait rien de "neuf sous le soleil". L'enquête judiciaire est, selon elle, tout à fait "régulière". Mais "ce qui est choquant", a-t-elle enchaîné, c'est que des journalistes "violent deux principes fondamentaux dans notre société qui sont des piliers de l'Etat de droit : présomption d'innocence mais aussi le secret de l'instruction".

Copé

Sarkozy, la victime. Autre levier actionné par les défenseurs de Nicolas Sarkozy : brandir, comme la semaine passée, le spectre d’un complot politico-judiciaire pour viser en arrière-plan François Hollande. "C'est d'autant plus bizarre que jamais le gouvernement socialiste n'a été aussi affaibli", a relevé Jean-François Copé sur LCI. "Nous n'avons parlé, depuis ces dernières semaines, que de sujets judiciaires", qui "ne permettent plus de rappeler aux Français que le bilan de François Hollande, depuis deux ans, est calamiteux", a développé le député-maire de Meaux. "Ils (Les socialistes) le font avec délectation et  sans grande précaution par rapport à la séparation des pouvoirs. Personne n'est dupe de cette tentative de récupérer des procédures judiciaires en cours" pour "essayer de discréditer Nicolas Sarkozy et ce faisant, d'espérer limiter les dégâts électoraux pour la gauche", a-t-il conclu, en évitant soigneusement de parler du fond des révélations.

Même son de cloche chez Luc Chatel. "Je constate de manière troublante la conjugaison de ces phénomènes à l'approche d'une élection qui est donnée historiquement perdante pour le pouvoir en place", a aussi relevé sur LCI et Radio Classique le vice-président de l’UMP.

Quant à Georges Fenech, député UMP et surtout magistrat de formation, il s'est ému sur Europe 1 de la "formidable pression" exercée selon lui sur les juges. "Je n'ai pas le souvenir d'un tel déchaînement de ministres en exercice, qui doit s'analyser comme une formidable pression sur les juges", a affirmé l'élu du Rhône. "Le gouvernement a lâché les chiens, les ballons. On est en train de faire état de pièces sorties du dossier d'instruction", a ajouté le député. "Comme il n'y a pas de mise en examen qui peut faire fuiter tout ça ? Si ce n'est pas les juges, c'est le ministère de la justice", a-t-il encore jugé, s'en prenant directement à Christiane Taubira. La victime préférée de la droite doit encore s'attendre à avoir les oreilles qui sifflent.

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