Du rififi au FN

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Des élus régionaux ont démissionné. Florian Philippot est la cause de leur colère.

L’information. Alors que le Front national manque toujours de cadres locaux, notamment en vue des prochaines élections municipales, trois de ses conseillers régionaux ont décidé de claquer la porte pour protester notamment contre l'attitude du vice-président du parti, Florian Philippot, depuis son implantation en Moselle. "J'ai reçu la démission de trois conseillers régionaux. Je ne veux faire aucun commentaire", a confirmé à l'AFP le président du groupe FN au conseil régional de Lorraine et patron de la fédération FN locale, Thierry Gourlot

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Pourquoi ils ont démissionné. Yves Gelszinnis, élu en Moselle, Christiane Buttier, élue dans la Meuse, et Chantal Odile, élue dans les Vosges n’ont, pour le moment, pas souhaité commenter leur décision. Mais selon plusieurs sources frontistes, c'est le non-renouvellement du contrat de l'assistant du groupe FN au conseil régional, Philippe Armand, et son remplacement annoncé par un "proche" de Florian Philippot, qui a mis le feu aux poudres. Ce remplaçant serait, selon le blog du Monde consacré à l’extrême-droite,  Arnaud Menu, alias Arnaud Naudin, le rédacteur en chef de Novopress, l'un des médias du Bloc Identitaire.

Philippot au banc des accusés. Le vice-président du FN réfute catégoriquement être intervenu directement dans cette affaire. "Je sais qu'Arnaud Menu est candidat. Mais pour l'instant il n'a pas été embauché. Et ce n'est pas un ami. Je n'impose personne", a-t-il déclaré à l'AFP. "Cette histoire, c'est la responsabilité du chef de groupe au conseil régional", a ajouté l’énarque frontiste. "Je m'étonne, et le mot est faible, qu'on renvoie la responsabilité sur moi", a de son côté réagi, agacé, Thierry Gourlot à l'AFP.

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"Tout le monde le déteste". Plus globalement, c’est la personnalité de Florian Philippot qui pose problème, ainsi que son omniprésence au sein du parti, lui qui n’y est que depuis 2008. "Ceux qui sont sur le terrain ne veulent plus rien faire. On ne veut plus rien savoir du FN, y'en a ras-le-bol. Ca devient comme l'UMP ce parti", a expliqué à l'AFP un ancien candidat aux cantonales en Moselle en 2011, Christophe Beger. "C'est incroyable. Tout le monde le déteste (Florian Philippot, Ndlr). Je n'ai jamais vu autant de monde qui ne supporte pas le personnage", a confié, sous couvert d'anonymat, un autre membre du FN en Moselle. "Les militants ne se sentent pas entendus et le trouvent arrogant et méprisant", a déclaré également sous couvert d'anonymat un autre frontiste de l'est.

Le FN fragilisé. Après ces départs, le groupe FN ne compte plus que six élus, contre dix au départ. Réaction du bras droit de Marine Le Pen : "les branches mortes tombent. On va pouvoir aller vers un printemps électoral et militant".

Des précédents. En mai 2012, Eric Vilain, un autre élu de terrain avait déjà claqué la porte, très remonté contre le parachutage du chouchou de Marine Le Pen dans sa circonscription. "Depuis 2004, je me suis présenté à toutes les élections. J'ai travaillé et semé pour le FN et, maintenant que la moisson arrive, je n'ai pas envie de me faire voler la récolte", expliquait-il alors, avant d’annoncer sa candidature dissidente. Sanction immédiate : il a été exclu du Front national. Plus récemment, le suppléant de Florian Philippot aux législatives, Alain Friderich, a lui aussi claqué la porte, lui reprochant une ligne "trop molle" et la mise à l'écart de militants locaux.