Boycott de l'Assemblée : le PS a une longueur d'avance

Manuel Valls a appelé mercredi la droite à "se ressaisir" au lendemain de l'incident qui l'a opposé au groupe des députés UMP qui a annoncé son absence de l'hémicycle dans l'après-midi.
Manuel Valls a appelé mercredi la droite à "se ressaisir" au lendemain de l'incident qui l'a opposé au groupe des députés UMP qui a annoncé son absence de l'hémicycle dans l'après-midi. © Maxppp
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avec Aurélie Herbemont , modifié à
Manuel Valls a appelé l'UMP à "ne jamais boycotter" l'Assemblée. Ce que ne s'était pas privé de faire le PS en 2009.

"Il ne faut jamais boycotter", a lâché Manuel Valls, mercredi matin sur iTélé. Fait rarissime sous la Ve république : le groupe UMP dans son ensemble va sécher une séance de question au gouvernement, mercredi à l'Assemblée nationale. La cause de leur colère ? Le ministre de l'Intérieur qui a accusé le député UMP de Paris Claude Goasguen "de venir de l'extrême droite", lors de la séance de mardi.

Manuel Valls s'en prend au député UMP Claude...par LeLab_E1

Réaction du ministre intéressé : "c'est important les séances de questions au gouvernement, surtout que c'est la dernière avant les élections municipales. Il faut se ressaisir".

Un tel boycott s'est-il déjà produit ? Manuel Valls semble avoir la mémoire courte. Les questions au gouvernement, organisées le mardi et le mercredi pour permettre aux députés d'interpeller le gouvernement, existent depuis 1974. Et depuis cette date, un boycott ne s'est produit que… trois fois, à huit jours d'intervalle. Les 21, 27 et 28 janvier 2009, les députés PS avaient en effet boudé la séance de questions.

Questions au Gouvernement - Mercredi 21 Janvier...par assemblee-nationale-fr

Il s'agissait alors d'une revendication de fond : exiger des garanties sur droits d'expression de l'opposition, dans le cadre d'une réforme du règlement de l'Assemblée menée à l'époque. Et Manuel Valls en faisait bien partie. Les députés présents avaient alors posé leurs questions sans les députés PS, et la séance avait été écourtée.

QUESTIONS AU GOUVERNEMENT - Mercredi 28 Janvier...par assemblee-nationale-fr

Comment avait réagi la droite ? Les réactions des représentants de l'UMP, à l'époque, n'avaient d'ailleurs pas été tendres. "Cela ne grandit pas le Parlement et cela ne grandit personne", avait clamé le Premier ministre de l'époque, François Fillon, appelant le PS "au calme, à la raison, et à reprendre sa place dans l'hémicycle". "C'est un spectacle à la fois déshonorant pour notre Assemblée et en décalage complet avec ce qu'attendent les Français d'un Parlement dans notre démocratie", avait également scandé Jean-François Copé, actuel président de l'UMP.

Jean-François Copé - Absence des socialistespar Groupe_UMP_AN

Mais il faut dire qu'à l'époque, les socialistes n'y étaient pas allés avec le dos de la cuillère. Le 20 janvier, la veille du premier boycott, plusieurs dizaines de députés PS s'étaient rassemblés peu après 23h00 au pied de la tribune en criant "démocratie, démocratie", en chantant la Marseillaise et en demandant "Accoyer, démission", devant l'ancien président UMP de l'Assemblée.

>> Le groupe PS avait publié une vidéo, à l'époque :

1 Crise politique Article 13par GroupeSRC

Une décision unanime de l'UMP ? Quoi qu'il en soit, même s'il l'on ne verra pas de députés UMP dans l'hémicycle mercredi, tout le monde n'assume pas ce boycott. Une députée interrogée par Europe1 se dit ainsi "effarée par ce côté court de récrée". Un autre parle même de "connerie" qui "prive six candidats UMP aux municipales de passage télé". Pour bon nombre d'élus de l'opposition, la politique de la chaise vide n'est pas la bonne méthode. "Au lieu de bouder, il aurait peut-être fallu poser six fois la même question à Manuel Valls", propose ainsi Bernard Debré, député UMP de Paris, au micro d'Europe1.

A-t-on le droit de sécher une séance ? Les seules obligations de présence des députés concernent les travaux des commissions permanentes le mercredi matin et la participation au vote solennel. L'article 42 du règlement de l'Assemblée indique en effet que, "au-delà de deux absences mensuelles" chaque absence d'un député à une commission où il est convoqué, le mercredi, donne lieu à une retenue de 25% sur le montant mensuel de son indemnité de fonction.

Quant à l'article 159, il dispose que "le fait d'avoir pris part, pendant une session, à moins des deux tiers des scrutins publics [...] entraîne une retenue du tiers de l'indemnité de fonction pour une durée égale à celle de la session; si le même député a pris part à moins de la moitié des scrutins". Or, contacté par Europe1.fr, le groupe UMP assure que le boycott de mercredi ne s'applique qu'à la séance de questions au gouvernement.

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