A Frangy, Montebourg et Hamon s’expliquent... et persistent

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Benjamin Bonneau, avec Aurélie Herbemont à Frangy-en-Bresse , modifié à
Lors de la fête de la Rose, il a jugé "normal que le ministre de l’Economie mène le débat sur les orientations économiques du pays".

L’INFO. La double charge était-elle concertée ? Toujours est-il que c'est un véritable coup de tonnerre qu’ont provoqué les deux interviews de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, à moins de 24 heures d'intervalle. Le ministre de l'Education et celui de l'Economie  s'en sont pris à l'orthodoxie budgétaire et au "tout entreprise" qui sont la marque, selon eux, de la politique actuelle. Les deux hommes se sont retrouvés dimanche en Saône-et-Loire pour la fête de la Rose de Frangy en Bresse, dans le fief d'Arnaud  Montebourg. Europe 1 était sur place.

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"Il est normal que le ministre de l’Economie mène le débat". Tout sourire, lunettes de soleil vissées sur la tête, Arnaud Montebourg semblait à son aise parmi ses camarades. Sitôt descendu de sa voiture, il a assuré que les débats qu’il lance sont légitimes : "il est normal que le ministre de l’Economie mène le débat sur les orientations économiques du pays, et de l’Europe puisque la France est en Europe et que nos politiques sont imbriquées. Il faut le mener devant l’opinion publique, avec les Français, avec les parlementaires et avec l’opposition aussi." Et avec le président de la République ? "Hé oui ! Hé oui !".

"On peut avoir un avis, une conviction, l'exprimer et être loyal. Je sais bien que dans un monde où on doit tout simplifier, dire quelque chose, c'est forcément ‘tâcler’ et ‘être déloyal’. Nous on ne voit pas du tout les choses comme ça", a quant à lui estimé  Benoît Hamon devant la presse. "On ne peut pas être ministre dans un gouvernement et combattre, comme je le lis, un président de la République et un Premier ministre", a-t-il ajouté

"La ligne qu’il faudrait suivre, c’est la ligne Montebourg". A Frangy, les deux ministres sont en terrain conquis, et ils le savent. "Cela fait du bien à entendre. Il y a des députés frondeurs mais c’est bien que cela monte un cran au-dessus, au niveau des ministres. La ligne qu’il faudrait suivre, c’est la ligne Montebourg, pas la ligne Hollande-Valls qui, pour moi, va dans le mur", assure ainsi un militant au micro d’Europe 1.

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Mélenchon boit du petit lait. Les militants ne sont pas les seuls à soutenir les deux ministres. Arnaud Montebourg avait pris le soin d’inviter à sa fête annuelle les frondeurs du PS, pas mécontents du coup de pression. Au lendemain de sa démission de la coprésidence du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, lui aussi, se frotte les mains. François Hollande "a donc divisé la gauche, divisé sa majorité, et maintenant il a réussi à diviser son gouvernement. Deux ministres, et non des moindres, se réunissent pour tailler en pièces la politique du gouvernement auquel ils participent. (…) Et ils qualifient la politique du président de la république de ‘sinistre politique’… mais que voulez-vous que j’ajoute à ça moi ? ", a lancé le trublion de la gauche dans son discours de clôture de l'université du Parti de gauche (PG), dimanche à Grenoble. Eclats de rires garantis dans l'assistance.

Le recadrage de Mandon. Si François Hollande et Manuel Valls n’ont – pour le moment – pas jugé bon de recadrer publiquement le duo de ministres frondeurs, le secrétaire d'état chargé de la Réforme administrative Thierry Mandon, lui, l’a fait sur Europe 1. "J’appelle le chef de l’Etat à organiser, comme il le fait chaque mercredi en conseil des ministres, le débat librement pour que chacun - dans le cadre du conseil des ministres car c’est là que cela doit se passer et pas dans les journaux -, puissent faire valoir ses idées, ses propositions d’ajustement."