«J’ai ressenti de la honte» : victime de violences conjugales, Aurélie Filippetti se confie

Aurélie Filippetti
Aurélie Filippetti accuse Thomas Piketty de violences conjugales © FREDERICK FLORIN / AFP
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Solène Delinger , modifié à
A l'occasion du cinquième anniversaire du mouvement #MeToo, Aurélie Filippetti a accordé une interview au "JDD" dimanche 9 octobre. L'ancienne ministre de la Culture s'est notamment confiée sur les violences conjugales dont elle a été victime. En 2009, elle avait déposé plainte contre son compagnon de l'époque Thomas Piketty. 

"Je suis une femme, qui comme l'immense majorité, a été confrontée depuis l'âge de 19 ans à une série de violences sexistes et sexuelles". A l'occasion du cinquième anniversaire du mouvement #MeToo, Aurélie Filippetti s'est confiée dans une interview au JDD dimanche 9 octobre sur les violences conjugales qu'elle a subies. Il y a plus de dix ans, en 2009, l'ancienne ministre de la Culture avait déposé une plainte contre son compagnon de l'époque, Thomas Piketty. 

Aurélie Filippetti déplore l'omerta qui règne toujours dans le monde politique

La plainte avait alors été classée sans suite, alors même que l'économiste avait reconnu les faits dont il était accusé. Une véritable claque pour Aurélie Filippetti qui, treize ans après, se souvient de cette période extrêmement difficile. "Cette plainte a été médiatisée contre mon gré, j'ai ressenti encore plus de honte", explique-t-elle dans les colonnes du JDD. L'ancienne ministre raconte avoir reçu très peu de soutien. "A part quelques témoignages de solidarité que je peux compter sur les doigts d'une main, dans le milieu politique, je me suis heurtée à un mur d'indifférence. Ça ne m'a pas aidée à parler", souligne l'ancienne compagne d'Arnaud Montebourg, qui déplore l'"omerta" qui existe toujours dans les partis politiques.  

Un sentiment de "honte"

Comme de nombreuses victimes de violences conjugales, Aurélie Filippetti explique avoir de la "honte" : "MeToo a permis de se libérer de cette culpabilité", analyse-t-elle. "On dit aux victimes de porter plainte – et bien sûr qu'il faut le faire –, mais il faut d'abord surmonter cette honte".

En 2019, lors d'une conférence donnée à l'IEP de Toulouse, Thomas Piketty a accusé Aurélie Filippetti d'être "une personne extrêmement violente vis-à-vis de ses filles". L'ancienne ministre a donc décidé de porter plainte contre son ex-conjoint pour diffamation. "Dans un mécanisme classique, Thomas Piketty a cherché à renverser la culpabilité et m'a accusé de violences envers mes filles", analyse-t-elle dans les colonnes du JDD. "Je ne pouvais pas laisser dire. J'ai porté plainte en diffamation. Le procès a été extrêmement violent. Mon avocate, Marie Burguburu, m'a très bien défendue. Et il a été condamné en diffamation le 25 mai 2022 dans un arrêt très clair et motivé".

Suite à cette condamnation, Thomas Piketty a décidé de se pourvoir en cassation.