En 2019, Jusqu'à la garde, le film de Xavier Legrand avait reçu le César du meilleur film. Il dépeignait l'histoire d'un couple qui se déchire. Et dont les enfants subissent les répercussions du divorce. Mardi soir, à 20h50, France 5 ne nous propose pas une fiction sur ce thème, mais bien un documentaire, poignant, intitulé Séparation, les enfants d’abord. Pendant 80 minutes, les spectateurs suivent les histoires de trois familles, trois couples qui ne peuvent plus communiquer. A chaque fois, un juge, un médiateur, ou une personne des services d’aide à l’enfance tente de trouver une issue.
"Au cœur des procédures et dans la plus stricte intimité des familles"
Les images de ce documentaire sont extrêmement rares, ce qui fait la force et la grande réussite du travail de sa réalisatrice, Delphine Cinier, qui a dû travailler dur pour se faire ouvrir ces portes. "J'ai voulu être au cœur des procédures et dans la plus stricte intimité des familles", explique-t-elle au micro d'Europe 1. Un exercice "assez difficile".
"Il a fallu gagner la confiance des juges. Ça a été de longues heures d'observations dans leurs cabinets. Et ensuite, il a fallu convaincre deux parents qui ne sont d'accord sur rien, qui ne sont même pas d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire leurs enfants, d'accepter notre caméra et de l'accepter dans une situation dangereuse pour eux puisqu'ils ne savent absolument pas s'ils vont avoir la garde de leurs enfants, ni comment ça va se passer. Il a donc fallu gagner la confiance de ces gens", détaille Delphine Cinier.
Elle confie également avoir fait la promesse d'être neutre, de ne jamais prendre partie. "Il a fallu ne jamais répéter à l'un ce que l'autre me disait. Et refuser d'être instrumentaliser par l'un des parents", note-t-elle. Le désespoir des parents qui doivent affronter des situations qui leur ont échappé et où tout est exacerbé, est montré. Comme lors de cette conversation entre une médiatrice familiale et un père de famille qui ne peut plus voir ses enfants.
"Ça a été un tournage émotionnellement assez dur"
Les séquences sont parfois très émouvantes et ont touché l’équipe de tournage. "Ça a été un tournage émotionnellement assez dur. On a beaucoup pleuré. On a parfois été obligés de quitter les audiences parce que c'était très difficile", confie la réalisatrice. "Quand on est à l'extérieur, on se rend doublement compte de la violence de ce que vivent ces familles. On se demande à quel moment ces gens-là se sont aimés. Ils ont fait des enfants ensemble, ils se sont mariés. Comment on fait pour en arriver à être autant dans la haine ?", constate-t-elle.
Delphine Cinier retient la violence de voir ces familles se déchirer car "chaque parent pris séparément est très touchant. Ils ont leurs raisons de se sentir en conflit, de se sentir jugés". "En fait, ils n'arrivent pas à s'apaiser, ils campent sur leur colère", résume-t-elle. "On peut se poser la question : à quel moment la justice a les moyens d'éteindre ça ?"